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 requiem ; zaza

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Deandre Parker
Deandre Parker

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requiem ; zaza  13e8298d6b883321e666c4befa8543c3 : Voix graveleuse, mains veineuses, quelque chose en V pour compléter l'allitération.
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quartier : MexicanTown. Les trois verrous de la porte sont plus dissuasifs que le dobermann de Dom.
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MessageSujet: requiem ; zaza    requiem ; zaza  EmptyLun 27 Jan - 22:54

Il a l’impression d’enfiler du chagrin.

Noir, noir, noir. Les chaussures, le pantalon, la chemise. Les vêtements sont rigides, plissés par les fantômes qui vivent dedans. Ils ont été confinés dans l’obscurité de son placard pendant des mois. Le néant de leur prison emplit sa tête alors qu’il remonte machinalement le chemin des boutons jusqu’à sa gorge. Noir, noir, noir. Il n’a pas grandi, pas grossi depuis la dernière fois. Le tissu tombe sur son corps avec une exactitude millimétrée. Ces habits ont été taillés pour un autre deuil, un autre enterrement.

Il les a emmenés à Detroit sans trop savoir pourquoi. La plupart des objets qu’il a touché dans les jours suivants la mort de Tianna le rebutent sans qu’il ne puisse s’en séparer, reliques maudites, reliques chéries. Ils sont comme infectés par le drame, imbibés de sa tristesse. Il a du mal à regarder certains, tout comme il a du mal à respirer dans sa tenue. Le noir l’étouffe. C’est comme s’il s’engonçait dans un souvenir et craignait de ne plus jamais pouvoir l’enlever.

Un regard au-dehors. La lumière est pâle, blanchâtre. Detroit flotte dans un hiver piquant, au soleil un peu irritable. Les rayons baignent dans les fenêtres les plus hautes des immeubles, coulent dans les rues. Il a passé beaucoup trop de temps à étudier le trottoir d’en bas, ce matin. Tout pour tromper l’attente dans laquelle il s’est englué. Deandre a subi le temps et l’appréhension, avalé des couleuvres, défait des noeuds dans son estomac. Sa patience s’est épuisée vers midi. Il a renoncé à manger et a commencé à s’apprêter, lentement, précautionneusement, pour s’occuper les mains. Il n’est même pas vraiment sûr de vouloir sortir en avance.

On ne peut pas mettre une heure à enfiler une chemise.

Le regard qu’il jette sur son reflet est bref et superficiel. Il sait déjà que les vêtements tombent bien et se prêtent aux circonstances. Il n’y a que sa veste qui soit trop légère pour l’hiver - parce que Tianna est morte en été, il faisait trop chaud, l’air était lourd, la radio parlait de réchauffement climatique sur le parking de l’hôpital, bonjour vous êtes de la famille de la victime ? -, mais il l’enfile quand même. Le froid le raccrochera peut-être à la réalité.

La porte de son appartement pousse une sorte de soupir essoufflé. Ses verrous produisent un claquage de dents plus féroce.

Il décide d’y aller à pied, ce qui lui laisse tout le temps de penser à tout, à rien. Le tout, c’est Zaza. Le rien, c’est Zaza. Le tout, c’est contradictoire. C’est un pêle-mêle de déception, de résignation, d’incompréhension. Le rien, c’est lorsqu’il s’attrape à espérer et qu’il piétine les étincelles avant que l’incendie ne se déclare.

Elle est entêtante.
Les circonstances de leurs retrouvailles aideront peut-être à le détourner de ses espoirs avortés. Il les enterrera en même temps que cette fille.

Deandre longe les grilles du cimetière. Ses yeux s’égarent sur les croix qui se dressent vers le ciel, piquantes. On pourrait empaler ses regrets sur certaines d’entre elles.

La vague d’appréhension monte lorsqu’il atteint le portail d’entrée. Il est encore clos et se dresse comme un obstacle entre deux univers distincts. Deandre s’adosse à ce rempart avec les morts, jette un regard dans la rue. Zaza n’est pas encore là, ou alors elle s’est cachée ailleurs. Son absence lui permet de grappiller un peu de temps pour se calmer.

Sa paume libre se hisse lentement jusqu’à son cou qu’il masse pour faire passer l’anxiété. Au bout d’un moment, ses doigts se referment sur le premier bouton.

Ouvert. Fermé. Ouvert. Fermé.
Inspiration. Étouffement. Inspiration. Étouffement.

Il est en train de l’ouvrir une énième fois lorsqu’il entend des bruits de pas. Deandre relève les yeux, tombe sur Zaza. Ses doigts s’immobilisent autour de sa gorge. Le sourire qu’il veut esquisser refuse de naître. C’est une sorte de pâle réflexe plein de non-dits hurlants.

Et tout ce qui remonte à la surface, c’est le salut le plus banal de tous les temps.

« Hey. »

Trop focalisé sur elle, il ne parvient pas à refermer son bouton. Ses doigts s’emmêlent et il sent qu’il chauffe, un peu honteux de s’empêtrer sous ses yeux. C’est comme s’il avait besoin de précipitamment se couvrir, se protéger en se renfermant. Elle ne doit pas deviner qu’il se sent mal, ou qu’il pense encore à elle comme ça.

Difficile d’être convaincant lorsqu’on ne parvient même pas à se reboutonner.

Autant la distraire avec un peu de conversation.

« J’suis aussi venu en avance, je savais plus quoi faire chez moi. »

De la sincérité servie sur un ton nonchalant.

« Comment tu vas ? »

Ses yeux s’aiguisent comme s’ils guettaient un éventuel mensonge. Zaza devrait lui servir de l’honnêteté, puisqu’il fait l’effort de lui en donner.
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Zaza Molina
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quartier : à north end, elle vit encore chez ses parents. faut dire qu'elle aime vivre là-bas, y a toute sa famille qui passe en permanence, c'est un putain de squat et zaza n'a pas le cœur à vivre toute seule. le silence lui fait peur et se retrouver en tête à tête avec ses démons aussi.
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MessageSujet: Re: requiem ; zaza    requiem ; zaza  EmptyMar 28 Jan - 0:30

Elle s'observe devant le miroir et s'interroge.
Est-ce que c'est normal de se soucier autant de son apparence quand on se rend à un enterrement ?

Elle n'est pas fière d'elle pour ça. L'obsession de son corps qui parvient à supplanter la mort de quelqu'un. Elle ferme les yeux une seconde. Mais qu'est-ce qui ne va pas chez toi. Quand elle les rouvre, elle s'est détournée de son reflet, s'efforçant de s'en désintéresser. Il y a d'autres priorités. Il y a autre chose à pleurer que cette image qui lui déplait. Il y a plus important.

Elle fouille dans son placard, déplace des fringues dépliées qui trainent dedans, jusqu'à extirper une paire de collants noirs un peu transparents. Elle les enfile sous sa robe sombre, légèrement cintrée et fluide en bas. Un regard par la fenêtre suffit à la décourager de se lisser les cheveux. Ce serait totalement inutile. Elle opte plutôt pour un chignon relevé, ça évitera que sa tignasse double de volume à cause de la flotte et de l'humidité.

Elle quitte sa chambre, semblant emmener avec elle un nuage noir au-dessus de sa tête. Elle fixe le vide, se déplace de façon machinale, le cœur gros. Elle enfile ses bottines, vérifie son téléphone. Peut-être qu'il a envoyé un message. Peut-être qu'il a annulé. Ou peut-être qu'il lui dit qu'il est en bas de chez elle finalement. Peut-être qu'il lui dit qu'il viendra en avance lui aussi. Pour allonger le temps passé à ses côtés. Mais son téléphone est terriblement silencieux. Aucune activité. Ses lèvres se pincent dans une moue contrariée. Avant de se résigner. Elle sait très bien comment les choses vont se dérouler. Il va venir au dernier moment, tenir ce rôle qu'elle lui a quelque peu imposé de force : celui de l'accompagnateur. Et quand tout sera terminé, il repartira. La journée, en plus d'être affreusement triste, risque d'être incroyablement décevante. L'espoir ne la quitte pourtant pas, c'est presque maladif chez elle. Dans dix ans, elle espèrera encore.

Elle a espéré un message.
Il n'y en a pas eu.
Elle espère une nouvelle chance.
Il n'y en aura plus.

Les bras qui l'enlacent par derrière au niveau de son cou la sorte de ses pensées mélancoliques. Elle frémit, comme si un courant d'air froid venait de l'envelopper.

Cariño. C'est son père. Il la serre fort et elle a envie de pleurer. Elle vient poser sa main sur celle de son père, silencieuse. Elle a envie d'autres bras.Tu la connaissais bien ? Elle déglutit. Elle leur a dit certaines choses, pas tout, pas la vérité. Elle a juste parlé d'un enterrement. — En quelque sorte. Elle ne sait pas quoi dire d'autre. Sa voix est étranglée par l'émotion et son père n'insiste pas. Il dépose un baiser sur son crâne, l'étreint une dernière fois avant de la relâcher. — Te quiero. Elle pivote vers lui, sourit faiblement. — Yo tambien papi. Il attrape le long manteau noir qui appartient à sa fille et l'aide à l'enfiler, ne pipant plus mot. Il lui ajuste, comme si elle n'était qu'une enfant encore et elle se laisse faire volontiers. Elle a besoin qu'on s'occupe d'elle, plus que jamais.

La main sur la poignée, elle est déjà prête à partir quand son père la retient. — Attends, tiens. T'en auras besoin. Son regard se baisse sur le parapluie qu'il lui donne. Elle l'attrape mollement, toute son attention fixée dessus et son estomac qui fait des nœuds. Elle plisse le front alors qu'une boule se forme dans sa gorge. Elle relève la tête vers son père, le remercie à mi-mot, l'air ne passe pas suffisamment dans sa trachée pour parler fort. Et elle s'éclipse, doutant plus que jamais de cette envie morbide. Elle pourrait peut-être encore tout annuler. Mais elle abandonne l'idée, elle a besoin de faire son deuil elle aussi. A sa façon.

Le trajet lui semble durer une éternité et une fraction de seconde à la fois. L'appréhension lui donne la nausée, comme si elle était malade. Elle ne tient pas en place, pleine de tics et de spasmes. Quand elle descend du bus, elle n'ose pas ouvrir le parapluie. Elle ne sait pas vraiment pourquoi. Peut-être qu'elle a peur qu'il pleuve encore plus dessous finalement.

Les mains enfoncées dans les poches de son manteau, elle regarde en direction du sol, songeuse, les pensées ailleurs. Elle s'approche de l'entrée du cimetière sans remarquer la présence pourtant tant espérée. C'est quand il pénètre dans son champ de vision qu'elle réagit. Elle relève brusquement la tête, le cœur qui déraille. C'était ce qu'elle voulait, pourtant ça la surprend. Ses doigts se crispent dans ses poches, son rythme cardiaque augmente sensiblement. Elle maintient le cap et l'allure, mais l'aborde cette fois-ci bien plus calmement que dans la boucherie.

Hey. Elle voudrait lui répondre, mais l'air ne passe pas. Esquisse un sourire poli pour le saluer en retour, c'est le mieux qu'elle puisse faire pour l'instant. C'est presque déstabilisant de le voir habillé de cette façon. C'est presque comme une autre personne ; un inconnu. Ça ne change pas vraiment finalement. Ses yeux s'attardent sur ses doigts qui s'affairent autour d'un bouton, en vain à première vue. Elle ralentit et s'arrête à sa hauteur, restant bêtement plantée là, n'ayant aucune idée de l'attitude à adopter. — J’suis aussi venu en avance, je savais plus quoi faire chez moi. Elle comprend. Le temps était passé plus vite pour elle puisqu'elle avait travaillé ce matin. Mais chaque seconde à la maison lui avait semblé s'étirer anormalement. Elle aurait malgré tout préféré que ce soit autre chose qui l'incite à se présenter en avance. Elle n'en dit rien cependant, ce serait déplacé. Et de toute façon, elle n'oserait pas. — Comment tu vas ? Mal. Elle hausse les épaules, démunie face à toute cette situation. — J'ai quasi pas dormi de la nuit. Il ne semble pas s'en sortir avec son bouton et ça commence à vraiment attirer son attention. Son regard fait des aller-retours entre les yeux de Deandre et le bouton, dans une danse nerveuse et intriguée. — J'ai failli annuler aussi. Qu'elle avoue assez spontanément, sans y avoir réfléchit auparavant. Agacée, elle finit par plonger en avant. — Laisse. Qu'elle ordonne, comme si ça l'aidait à garder pieds. Elle chasse les mains de Deandre dans un mouvement calme mais ferme. Elle agrippe le tissu, le tord un peu pour faire glisser le bouton dans l'ouverture, les yeux rivés dessus. Elle reprend, tout bas. — J'ai juste hâte que ce soit terminé. Le bouton est remis mais ses mains trainent, comme avides de ce contact rassurant. Elle relève les yeux vers lui, se dit que s'ils étaient dans un film ç'aurait été le moment idéal pour s'embrasser.

Mais la réalité de la situation calme ses envies, elle le relâche et s'écarte, venant s'appuyer contre le mur derrière eux. — Et toi ? Elle ne le connait pas assez pour déchiffrer cette expression quelque peu énigmatique qu'il affiche constamment. Mais ce qu'il dégage l'électrise et pas de la bonne façon. Elle devine qu'il n'en mène probablement pas plus large qu'elle et ça la rassure.

Le moment est embarrassant. Chargé de non-dits, de choses qu'on ne peut pas dire ici et maintenant. Elle peine à rester calme, contrastant avec l'allure stoïque de Deandre. Elle souffle, semblant contrariée. — Je déteste les enterrements américains. Tout est noir, tout est si triste et accablant. Non pas que les enterrements cubains soient fait d'éclats de joie, loin de là, mais il n'y pas cette ambiance si morose et pesante. Les cimetières sont blancs, les tenues sont colorées. Et il pleut rarement. Elle lève la tête vers le ciel, plisse les yeux quand quelques gouttes viennent tremper ses cils. Et puis elle se décide finalement à ouvrir le parapluie. Elle jette un regard à Deandre, hésite puis se rapproche de lui, levant un peu plus le parapluie pour qu'il puisse se glisser dessous lui aussi.

Elle se dit que trente minutes finalement, ça risque d'être bien plus long que prévu.
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Deandre Parker
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MessageSujet: Re: requiem ; zaza    requiem ; zaza  EmptyMar 28 Jan - 2:13

Elle porte une robe sombre et un parapluie familier.

Zaza hausse les épaules et lui tend l’honnêteté qu’il désire.

« J'ai quasi pas dormi de la nuit. »

Les doigts qui s’affairent autour du bouton ralentissent. Il la considère avec un semblant de pensivité, entre l’inquiétude et la compréhension. Lui offrir des propos rassurants serait sûrement inutile, voire même contre-productif. Rien ne paraît plus creux que les ça va aller, tu verras, lorsque rien ne va et qu’on est aveuglé par la tristesse. Aussi se contente-t-il de lui offrir une compassion simple, sans fioritures. « Je comprends. » Et c’est peut-être suffisant, parfois. De comprendre ce que ressent l’autre sans vouloir vraiment partager.

Zaza semble attirée par les péripéties de son col. Deandre retient une grimace instinctive. Il songe à abandonner la lutte, mais l’envie de se couvrir est trop forte, trop puissante. Ses doigts commencent à s’impatienter, torturant plus le tissu qu’ils ne le manipulent. « J'ai failli annuler aussi. » Ça, ça le surprend. Elle semblait si déterminée à venir - bien plus que lui, au début. Il n’est même pas sûr qu’il aurait été présent tout seul. L’idée de subir un enterrement sans épaule sur laquelle se reposer est insupportable.

Non pas qu’il puisse compter sur la sienne. Elle ne veut certainement pas qu’il la touche.

« Je serais pas venu si t’étais pas là. »

L’aveu lui a échappé un peu brusquement. Il regrette de l’avoir fait presque aussitôt, mais est vite préoccupé par les mains qui effleurent son cou. « Laisse. » Le ton autoritaire lui arracherait presque un sourire dans d’autres circonstances, mais ses propres doigts demeurent défensivement levés un instant de trop. Le geste qu’elle esquisse est trop intime pour lui. Trop chargé de faux espoirs. Il n’a pas envie de s’attarder sur la presque tendresse de la chose et fixe un point au-dessus de sa tête, docile, impassible. Elle sera sûrement plus à l’aise s’il ne semble pas affecté par ce qu’elle fait.

Le bouton se referme.
Il étouffe.

« Merci. »

« J'ai juste hâte que ce soit terminé. » Ses yeux tombent à nouveau sur sa figure. Zaza est curieusement proche - c’est peut-être la première fois qu’ils le sont autant depuis le baiser dans les souterrains. Deandre noie le souvenir qui remonte d’une main ferme. En attendant, celles de Zaza traînent. Il a presque envie de lui demander d’arrêter. L’une de ses propres paumes s’élève lentement dans les airs, comme pour saisir les siennes, les écarter. Être touché ne fait qu’aggraver son anxiété et réveiller sa déception, deux émotions dangereuses pour elle et la suite des événements.

« Moi aussi, mais ça devrait prendre du temps. Et puis je sais même pas comment je me sentirai à la fin. »

Elle le relâche, s’écarte. Sa main retombe. Il la glisse dans les tréfonds d’une poche.

« Et toi ? »

Il n’a pas envie de répondre. Deandre jette un regard alentour, comme s’il guettait le cortège, le cercueil et la famille éplorée. Les ruelles sont encore vides, bien qu’une certaine tension imprègne les airs. Elle est caractéristique des cimetières pour ceux qui craignent la mort.

Ses yeux échouent ensuite sur le trottoir, ses jambes. Ils remontent jusqu’à sa figure. Elle s’est fait un chignon, aujourd’hui. Il perd plus de temps à étudier sa coiffure, comme si se perdre dans des détails permettait de repousser les mots. Lorsqu’ils se déversent finalement sur sa langue ils sont pesants, presque récalcitrants.

« J'sais pas. J'suis mal à l'aise. »

Ses épaules montent, tombent. Il a atténué la vérité pour mieux se protéger. Ses pensées marmonnent à sa place, beaucoup plus claires - j’ai peur de chialer devant toi et de détruire toute ma crédibilité. Et beaucoup plus effrayantes.

Zaza souffle. Deandre se crispe, comme s’il était responsable de chacun de ses mouvements d’humeur. Il n’a pas été très affecté par ses attitudes changeantes jusque là, mais il n’est pas assez calme aujourd’hui pour se terrer dans son impassibilité habituelle. « Je déteste les enterrements américains. »

« C’est différent à Cuba ? »

Sûrement. Il ne sait pas grand chose de sa culture. Certains pays semblent associer aux morts une grande tristesse teintée d’agitation - on célèbre la vie du défunt autant qu’on la commémore, en musique, sur la piste de danse.

C’est plus difficile de se mettre en joie lorsque la vie perdue est un incroyable gâchis.

Comme si l’univers était déterminé à imposer un certain leitmotiv, le ciel s’assombrit. Deandre lève les yeux et tend la paume pour recueillir les premières gouttelettes. Il est presque surpris par l'ouverture du parapluie mais se glisse quand même dessous.

Le silence s’installe avec le malaise, son grand complice. La pluie bat en rythme contre leur dôme de tissu. Deandre finit par se saisir du manche, étant le plus grand des deux. Il le maintient au-dessus de leurs têtes comme s’il était une bulle de bande-dessinée vide. Réfléchit jusqu’à trouver une question anodine, détachée de la mort, précipitée dans l’avenir.

« T’as pas envie d’y retourner, parfois ? À la Havane, j’veux dire. J’ai pas envie de finir à Detroit, perso. »

C’est une évidence pour tous ceux qui le connaissent, mais pas pour elle.

Au même moment, les premiers parapluies noirs fendent la bruine. Ils ne sont pas les seuls à être venus en avance. Un duo approche à droite, un trio à gauche. Deandre se tend un peu. Les nouveaux arrivants sont jeunes, peut-être des amis. S’ils leur demandent comment ils connaissent la morte, ils devront s’accorder sur un mensonge crédible sans consultation préalable. Ses yeux se posent sur la figure de Zaza, un brin interrogatifs, mais ils sont accidentellement absorbés par cette dernière. Il a beau tuer ses sentiments, il est difficile de ne pas être vaincu lorsqu’il lui prête vraiment attention. Sa contemplation un peu pensive repousse quelques angoisses. C’est surprenant, mais elle est à la fois source de tourment et de tranquillité. S’il pouvait puiser dans le calme qui l’habitait lorsqu’il les a menés hors du Sub, il rassemblerait peut-être assez d’apaisement pour supporter les prochaines heures.
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Zaza Molina
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MessageSujet: Re: requiem ; zaza    requiem ; zaza  EmptyMar 28 Jan - 10:47

Je comprends. Elle se demande si lui aussi a mal dormi. Si lui aussi revoit ce visage tordu par la peur de mourir et la douleur à chaque fois qu'il ferme les yeux. Mais elle ne demande pas, à quoi bon.

Je serais pas venu si t’étais pas là. Elle avait déjà plus ou moins cru le comprendre dans leur premier échange de sms, mais le fait qu'il le confirme et le formule à voix haute la dérange. C'est donc de sa faute s'il est là, à subir ça. Elle a l'impression de retrouver cette désagréable sensation de la nuit du Sub. Quand elle lui avait demandé de la raccompagner et qu'elle avait été persuadée qu'il se forçait, par politesse. Depuis, il lui a affirmé que non, mais le doute persiste, tapis dans l'ombre et voilà qu'il ressurgit. — J'suis désolée. Qu'elle murmure, les yeux rivés sur le bouton qui semble lui résister. Elle relève les yeux vers lui un instant. — T'étais pas obligé, tu m'dois rien. C'est vrai, ils se connaissent à peine après tout. Quelques regards dans un couloir, un baiser de soirée. Ils ne sont ni amis, ni quoi que ce soit. Lien indéfinissable, peut-être unis que dans le traumatisme de leur découverte. Cette idée la frustre, fait naitre un pincement dans sa poitrine. Elle n'a pas envie que leur relation se résume à ça, qu'elle s'arrête à ça. Elle a envie de plus, sans savoir de quoi. Elle s'interdit de rêver, pour éviter de nouvelles désillusions, elle en traine déjà trop derrière elle. Boulet qui pèse et qui la ralentit. — Si tu n'veux pas rester, je comprendrais tu sais. Elle n'a pas envie qu'il parte, pour mille raisons et elles ne sont pas toutes liées à l'enterrement. Mais elle n'a pas envie de lui faire subir quelque chose qu'il ne se serait pas imposé lui-même. Elle n'a pas envie d'assumer cette responsabilité. Mais elle ne lui laisse pas vraiment le temps de répondre à ça, peut-être que c'est un peu fait exprès. Par crainte de le voir se défiler. Parce que ce sera quoi sa prochaine excuse pour pouvoir le revoir après ça ? Elle n'en aura plus. Ni parapluie, ni fille morte. Est-ce qu'ils devront à nouveau se contenter de se croiser dans les escaliers ?

Elle préfère ne pas y penser.

Elle l'approche pour gérer ce foutu bouton une bonne fois pour toute. Deandre ne semble pas particulièrement enclin à se faire aider mais il abandonne avant qu'elle ait vraiment pu s'en rendre compte. Elle s'affaire à le refermer tandis qu'il demeure impassible, totalement immobile, les yeux dans le vague. On est loin des regards qu'il lui lançait sous-terre. Il la remercie mais elle ne relève pas, absorbée par autre chose. La proximité, qui ne suffit cependant pas à combler tout le vide qui les sépare. Deandre ne semble pas particulièrement réceptif et son calme apparent la déstabilise. La sensation que tout est foutu prend son cœur en étau et elle s'éloigne, comme par instinct de protection après une brève confession. — Moi aussi, mais ça devrait prendre du temps. Et puis je sais même pas comment je me sentirai à la fin. Il lui semble que c'est la première fois qu'il exprime quelque chose à ce sujet. Elle le fixe, sincèrement intéressée et concernée par ce qu'il peut ressentir. Elle l'invite à lui en dire plus mais il semblerait que l'invitation ne soit pas particulièrement bien accueillie. Elle baisse les yeux une seconde, ne désirant pas le mettre dans l'embarras inutilement. Mais quand elle les pointe dans sa direction, elle le voit faire. Son regard à lui qui part du sol et qui remonte jusqu'à son chignon. Elle a la désagréable sensation de se faire scanner et analyser. Comme s'il était en train de relever tout ce qui ne va pas chez elle à chaque niveau. Et presque aussitôt, elle se sent à l'étroit dans sa robe, comme si elle venait subitement de doubler son poids. Elle étouffe un peu, se sent difforme. Repoussante même. Elle n'aurait pas du mettre une robe qui ne cache pas l'intégralité de ses jambes énormes. Elle se dit que le chignon n'était peut-être pas une bonne idée. Ça ne lui va pas. Et ça ne cache pas assez la rondeur de son visage. Elle sort les mains de ses poches et vient tirer sur les pans ouverts de son manteau. Elle les rapproche, tire dessus nerveusement, cherchant désespérément à se cacher derrière. Son regard est fuyant, elle devient anxieuse. Ce n'est pourtant pas le moment de céder à ce genre de choses. — J'sais pas. J'suis mal à l'aise. Moi aussi, qu'elle a envie de répondre. Même si les raisons diffèrent. Elle se concentre, essaye d'arrêter de ne penser qu'à elle dans un moment pareil. — C'est normal. Qu'elle répond tout bas, pas très sûre d'elle. C'est normal parce qu'on ne la connait pas. C'est normal parce que c'est nous qui avons trouvé son corps. C'est normal parce qu'on a rien à foutre là.

Tout ça pèse trop lourd, alors elle souffle pour tenter d'évacuer le trop plein et râle un peu contre les enterrements du pays, parce qu'elle ne sait pas vraiment quel autre sujet aborder. On en censé parler de quoi à un enterrement ? — C’est différent à Cuba ? Elle se redresse un peu et inspire profondément, venant croiser ses bras sur sa poitrine. Elle regarde devant elle, songeuse. — Ouais, c'est... Ses bras se décroisent aussitôt pour effectuer un vague mouvement confus. ...je sais pas... Elle cherche ses mots, le meilleur moyen de décrire ça. ...vivant ? Qu'elle tente, pas sûre d'elle. Elle plisse un peu les yeux et retrousse le nez, cherchant le regard de Deandre pour voir si cette réponse a du sens pour lui. Elle laisse retomber ses bras contre elle. — Ici, tout est noir et déprimant. Personne ne parle, les gens ne font que pleurer. C'est... c'est comme si on allait plus jamais pouvoir être heureux. Elle n'a pas connu beaucoup de décès autour d'elle, la plupart des membres de sa famille sont encore assez jeunes, ses grand-parents n'ont même pas encore atteint 80 ans. Ce sont principalement des gens de la génération au-dessus qui sont décédés durant son enfance. Il y a juste un grande-oncle du côté de son père qui est décédé il y a quelques années des suites d'une maladie. Elle se souvient très bien de la cérémonie. — A Cuba il y a de la couleur de partout, y a de la vie. Les gens pleurent aussi, évidemment, mais pas que. On n'se focalise pas sur la perte, on essaye d'être reconnaissants pour le passage sur terre de la personne qui est morte et pour tout ce qu'elle a pu nous apporter. Elle revoit encore son père en train de pleurer son chagrin, tout en riant à l'évocation de certains souvenirs avec son oncle. Elle lève les yeux vers le ciel. — Et il fait beau. Ici, tout est toujours gris. Pas étonnant que tout semble plus grave et insurmontable quand on a l'impression constante que le ciel nous écrase. Elle fait la moue et se décide finalement à ouvrir le parapluie avant qu'ils ne soient trop mouillés.

Deandre joue le jeu et vient se glisser dessous en silence. Elle a envie de poser sa tête sur son épaule mais reste bien droite. Quand il s'empare du manche elle lui jette un regard, sa main qui tarde à relâcher l'objet avant de se résigner. Elle glisse alors ses mains dans ses poches pour les protéger du froid, morose. — T’as pas envie d’y retourner, parfois ? À la Havane, j’veux dire. J’ai pas envie de finir à Detroit, perso. Sa question la tire de sa légère torpeur, ses pensées s'activent de nouveau, sortant de la mélasse qui pèse dans sa tête. — Si. Qu'elle répond assez rapidement. Quelques secondes s'écoulent, laissant filer une certaine résignation face à la réalité de la chose. — Mais je ne partirais pas sans toute ma famille. Ce qui compte le plus, c'est d'être avec eux, qu'importe l'endroit. Elle continue de fixer le vide, les mots sortent tranquillement alors qu'elle ressent un certain apaisement. Sa nervosité semble se distiller dans ses explications. — Mais j'pense pas qu'ils y retourneront. Ils ont fuit La Havane à cause de la pauvreté, c'est difficile d'y vivre. Les touristes ont une vision un peu biaisée du pays. Pointe de mépris dans sa voix. Elle hausse les épaules mollement, comme accablée par le poids d'une histoire qui la dépasse. A chaque fois qu'elle a évoqué l'idée de retourner vivre là-bas, ça a créé des disputes. Alors elle n'en parle plus, se contente de rêver d'un retour au pays qui n'arrivera probablement jamais. Elle fait la moue et se redresse un peu, pivotant dans sa direction alors qu'elle sent son regard peser sur elle. Elle lui offre un doux sourire, chargé d'émotions nostalgiques.

Et toi, tu voudrais aller où ? Baltimore te manque ? Elle se souvient qu'il lui avait dit la dernière fois venir de là-bas. Elle se souvient de l'évocation de la Jamaïque aussi. Elle aimerait bien la visiter un jour.

Son regard se détourne alors qu'elle aperçoit à son tour les autres ombres noires s'approcher. Elle se tend, son cœur palpite un peu plus fort subitement à cause de l'appréhension. Ils arrivent au compte goutte, mais l'entrée du cimetière s'assombrit assez rapidement. Elle pensait avoir plus de temps devant elle. Trois personnes viennent se poser à côté d'eux, trois filles assez jeunes. Zaza leur lance un regard un peu inquiet. Elle happe le regard de l'une d'entre elle et lui offre un sourire poli. Mauvaise idée. La fille s'approche, la mine triste mais lui rend son sourire malgré tout. Zaza se décolle du mur pour lui faire face, muette. Elle a l'impression qu'ils sont découverts, que c'est écrit en gros sur leurs visages qu'ils n'ont pas leur place ici. — Bonjour. Vous êtes là pour Kelly ? Elle avait lu le prénom dans la presse, mais l'entendre de vive-voix lui glace le sang. Pourtant, assez étonnement elle prend les choses en main. — Oui. Vous êtes de la famille ? Qu'elle demande prudemment, afin de savoir à qui ils ont à faire. La fille secoue la tête de gauche à droite. — Non, on fait toutes parties de son équipe de la crosse. Elle désigne les filles restées à l'écart, qui semblent profondément peinées. Le cœur de Zaza se serre alors que tout ça rend la défunte encore plus réelle. Elle ne s'était pas attendue à ça et ça la bouleverse d'un coup. Ses yeux se mouillent mais elle demeure calme. — Et vous ? Un mensonge, vite. Elle panique pendant deux secondes avant de sortir la première chose qui lui passe par la tête. — Non plus. J-je suis juste sa coiffeuse. Mais quand j'ai appris ce qu'il s'était passé, ça m'a beaucoup touché. Un mensonge saupoudré de quelques vérités approximatives. Ça semble marcher. La fille avale ses mots avec émotion. — C'est vraiment gentil à vous d'être venue. Son regard glisse par-dessus son épaule en direction de Deandre, elle semble s'interroger sur le lien qui le relie lui et la morte. Zaza anticipe avec naturel. Elle pivote très légèrement, ses doigts qui se posent légèrement sur le poignet de Deandre, celui qui tient le parapluie. — Il m'accompagne. Trois secondes plus tard, ses doigts ne font plus que l'effleurer et elle ramène sa main devant elle, se concentrant sur l'inconnue. Elle hoche la tête et sourit à Deandre pour le saluer. Mais très vite, son visage se décompose alors qu'elle semble submergée par sa peine. Elle étouffe un sanglot. — Pardon. Qu'elle murmure en posant une main sur sa bouche pour s'empêcher de craquer. Zaza ne réfléchit pas, agit de façon instinctive et vient écarter ses bras pour serrer la fille. Celle-ci ne se fait pas prier et lui rend son étreinte avec force, ayant visiblement besoin de partager sa douleur avec autrui. Zaza lui frotte le dos doucement pour l'apaiser et lui glisse à l'oreille. — Elle parlait souvent de vous quand je m'occupais d'elle. Mensonge fournis de bonnes intentions. Elles se relâchent et la fille sourit, visiblement touchée par cet aveux. Parfois, il ne faut pas grand chose. — Merci. Un dernier regard et la fille leur fait un signe de la main pour les saluer avant de s'éloigner pour retourner auprès de ses amies.

Zaza se laisse retomber contre le mur en soufflant un grand coup, comme si elle avait traversé tout ça en apnée. Elle passe une main sur son visage pour chasser le malêtre qui la traverse. Elle relève les yeux vers Deandre. — Y a plus qu'à espérer que sa vraie coiffeuse ne s'pointe pas. Elle grimace un peu, soucieuse. Mais son attention est très vite retenue par le cortège qui arrive. Ça lui coupe le souffle. Sa main vient chercher du réconfort par réflexe mais elle ne trouve que du vide, celle de Deandre tient le parapluie. Elle se ravise, déçue, et la remet finalement dans sa poche, serrant le poing.
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Deandre Parker
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MessageSujet: Re: requiem ; zaza    requiem ; zaza  EmptyMar 28 Jan - 15:45

L’aveu s’est échappé sans qu’il n’ait vraiment eu envie de le libérer. Il aimerait le reprendre, le subtiliser sous son nez. Mais il est trop tard. Zaza a les yeux rivés sur un bouton aussi récalcitrant que sa confession. « J'suis désolée. » L’excuse embrouille encore plus ses doigts. Son col s’entrouvre, révèle sa gorge. Elle pourrait enfoncer les dents dans la chair et elle ferait moins mal, parfois. Jugulaire offerte à des murmures et excuses qui blessent plus qu’elles ne soignent. « Pas la peine. » Il a choisi de venir tout seul. S’il s’impose ça, c’est que ça a une certaine importance pour lui. L’enterrement le soulagera sûrement un peu. Il lui permettra aussi plus égoïstement de mettre en terre leur relation balbutiante, hésitante. Il n’est pas certain que le cimetière le débarrasse de toute son affection malvenue, mais il pourra au moins être satisfait d’avoir fait ce qu'il pouvait. Ils se sont aidés lorsqu’ils ont subi le drame, ils se sont soutenus pour supporter ses conséquences.

Ça devrait être suffisant. Il pourra s’en contenter, à force.

« T'étais pas obligé, tu m'dois rien. » Peut-être. Peut-être pas. Elle ne peut pas savoir qu’il doit toujours quelque chose à quelqu’un, incapable de vivre avec un surplus de remords, méticuleux jusqu’au bout. Si sa mission est de clore le chapitre de cette découverte macabre, il le fera, et il le fera bien. Il n’aura peut-être pas rendu Zaza heureux, et il ne le sera pas devenu lui-même. Mais l’histoire connaîtra une fin digne. « Oui, mais je lui dois quelque chose. À elle. » Après tout, c’est lui qui l’a vue en premier. Lui qui a senti sa présence. S’il croyait un tant soi peu au surnaturel, il penserait que son âme l’a appelé.

Mais il ne croit en rien. Il a juste vu un cadavre du bout des yeux.

« Si tu n'veux pas rester, je comprendrais tu sais. » Elle ne lui laisse pas vraiment le temps de répondre, aussi garde-t-il la bouche close, les yeux dans le vague. Les doigts de Zaza s’affairent au niveau de son cou, plus habiles que les siens. Il maîtrise pourtant parfaitement ses paumes en général, mieux que ses pensées, mieux que ses désirs. Ces derniers l’étranglent en même temps que son col. Les yeux de Zaza pèsent sur sa figure lorsqu’il lui accorde un peu de son ressenti. Mais il ne développera pas.

Deandre demeure évasif. Son regard remonte le long de son corps sans vraiment le voir, en quête de détails qui pourraient ralentir la formulation d’une pensée. Lorsqu’il s’attache sur son chignon elle s’agite, tire sur les pans de son manteau. Le geste est familier, attaché aux souvenirs du Sub. Zaza portait un crop-top qu’elle étendait comme pour couvrir sa gêne. Il n’avait pas deviné à l’époque que ce signe de malaise lui était destiné.

Songer à cette soirée en supputant qu’elle ne voulait déjà pas de lui à l’époque est douloureux. Il préférerait idéaliser ça plutôt que de le détruire, une maigre indulgence. Garder l’innocence de ce moment intact. Deandre approche Zaza, qu’il connaît de son couloir. Il se demande pourquoi son attitude a changé ces derniers temps. Ils boivent. Ils s’embrassent.

L’histoire est bénigne, simple. Presque rassurante.

« C'est normal. » Oui, ça l’est. Elle ne peut pas deviner ce qu’il cache derrière les mots imprécis. Ne peut pas deviner qu’il n’honore pas bien la mémoire de la victime, trop obnubilé par son propre passé. Il l’enterrerait sûrement mieux s’il cessait d’être égoïste et se focalisait entièrement sur Kelly, vingt-et-un ans, retrouvée étouffée dans les entrailles de Detroit. Tout de suite, une déclaration du chef de police sur cette affaire…

Deandre pose une question sur Cuba, son sujet de prédilection. Il est inoffensif, sorte de territoire neutre sur lequel il peut la retrouver. « Ouais, c'est... je sais pas... vivant ? » Zaza cherche l’étincelle de la compréhension dans ses yeux. « Ici, tout est noir et déprimant. Personne ne parle, les gens ne font que pleurer. C'est... c'est comme si on allait plus jamais pouvoir être heureux. »

Le tableau qu’elle peint dans son esprit n’est même pas imaginaire. Il n’a qu’à gribouiller sur ses souvenirs pour brouiller un peu les visages.

Deandre ne peut pas s’en empêcher. « Y a des gens qui ne sont plus jamais heureux. Après. » La confession le braque avant même d’être sortie. Apporter un ressenti personnel dans le débat lui déplaît. Il fait immédiatement glisser la confidence sur ses épaules, loin de sa tête, loin de son esprit. Zaza lui offre une diversion bienvenue. « A Cuba il y a de la couleur de partout, y a de la vie. Les gens pleurent aussi, évidemment, mais pas que. On n'se focalise pas sur la perte, on essaye d'être reconnaissants pour le passage sur terre de la personne qui est morte et pour tout ce qu'elle a pu nous apporter. » Certaines personnes n’apportent rien aux autres. Et puis il y a celles qui ne méritent pas d’être pleurées. Mais l’idée est trop cynique pour les circonstances, aussi se contente-t-il de songer à lui-même. Se projeter vers sa propre mort n’est pas particulièrement difficile. Il a eu amplement le temps d’y songer ces derniers mois.

« J'suppose que si je venais de mourir je préférerais qu’on me célèbre comme ça. » Même s’il ne sait pas quel apport il a vraiment fait dans la vie des autres jusque là. Peut-être appartient-il à la première catégorie. Ces individus lambdas qui survivent plus qu’ils ne contribuent.

« Et il fait beau. Ici, tout est toujours gris. » Le temps s’accorde à sa pensée. La pluie tombe, fine et espacée. Elle ouvre le fameux parapluie, sous lequel il s’abrite. « J’crois surtout que la pluie nous suit, en fait. Ton parapluie est peut-être maudit. » C’est dit sur un ton léger, vaguement amusé. Il ne sait pas à quoi ressemble l’intérieur des Molina, mais il est plutôt divertissant de visualiser une bande de matriarches adeptes du vaudou.

Deandre reste sur le thème des origines, l’interroge sur son avenir. « Si. » Il l’observe pendant les quelques secondes qu’elle met à étoffer sa réponse. « Mais je ne partirais pas sans toute ma famille. » Zaza a perdu son regard dans des couloirs d’aéroport sans issue. « Mais j'pense pas qu'ils y retourneront. Ils ont fuit La Havane à cause de la pauvreté, c'est difficile d'y vivre. Les touristes ont une vision un peu biaisée du pays. » Il acquiesce lentement, pèse ce qu’elle vient de lui dire. Elle semble coincée ici, pour le meilleur et pour le pire.

Le sourire qu’elle lui adresse trouve un écho calme. Le sujet l’apaise un peu, ancré dans un futur dans lequel ils sont tous deux en vie, en sûreté. Elle, elle a sa famille. La ville est peut-être moins redoutable lorsqu’on a un clan soudé face à l’adversité.

« Et toi, tu voudrais aller où ? Baltimore te manque ? » Le soupir qu’il pousse n’est ni agacé, ni douloureux. C’est le genre d’exhalaison un peu brève que l’on expire lorsqu’on se résigne et recentre sur la réalité. « Quelque part. Peut-être vers l’ouest ? Si j’pouvais ouvrir mon propre commerce, quelque chose comme ça. J’ai absolument pas les moyens pour le moment. » Il se prend parfois à fantasmer que le vieux Kenneth réalise que son fils est un bon à rien et lui lègue la boucherie, mais c’est improbable. Les liens de sang sont plus forts que le professionnalisme d’un étranger. Deandre poursuit pour ne pas s’attarder sur l’idée. « Oui et non, pour le manque. Ma famille me manque. Mes potes me manquent. Mais Baltimore, c’est comme Detroit. T’as dû entendre parler des émeutes en 2015, c’est un peu la guerre constante là-bas. » Son ton s’est progressivement animé. Il agite une main dans le vide. « Et t’as ce connard de Trump qui dit que la ville est infestée de rats, comme si lui et tout le système étaient pas à l’origine de l’infection. » Revendication et protestation lui collent bien à la peau. Ce sont des caractéristiques des Parker. Si lui et Tianna avaient quelque chose en commun, c’est cette tendance à s’embraser sur un sujet cher, même si elle a toujours poussé l’indignation plus loin que lui.

Deandre surveille l’approche des parapluies noirs avant d’accorder son attention à son acolyte. Zaza offre un sourire poli à une jeune fille, plus avenante que lui. Lorsque l’inconnue approche, il se tend inconsciemment et se retranche dans un silence appréhensif. « Bonjour. Vous êtes là pour Kelly ? » Heureusement pour eux, Zaza prend les devants. « Oui. Vous êtes de la famille ? » La fille nie. Deandre songe à ceux qu’il a vu la télé. Kelly a une mère, un père, un petit frère. Les chaînes d’infos se sont emparées du meurtre parce qu’il est particulièrement sordide et parce que la victime est blanche, issue de la classe moyenne.

Personne en aurait rien à foutre si on retrouvait un rat dans les égouts.

« Non, on fait toutes parties de son équipe de la crosse. » Le stress le rend peut-être trop virulent. Elle lui fait de la peine, cette fille. Son air abattu lui est familier. Il l’a déjà vu sur la figure d’autres connaissances.

« Et vous ? » Son emprise sur le parapluie s’affermit discrètement. Deandre observe Zaza avec un semblant d’inquiétude, mais elle trouve vite de quoi les sortir de l’impasse. « Non plus. J-je suis juste sa coiffeuse. Mais quand j'ai appris ce qu'il s'était passé, ça m'a beaucoup touché. » Il doit retenir la surprise que provoque l’information, bientôt confronté à une paire de prunelles curieuses. « C'est vraiment gentil à vous d'être venue. » Sa bouche s’entrouvre déjà pour justifier sa présence - je l’accompagne - mais des doigts l’effleurent, l’interrompent. « Il m'accompagne. » Et il se contente d’appuyer cette presque vérité d’un hochement de tête formel. Pas la peine d’être loquace.

L’inconnue sourit, puis se décompose en réalisant que c’est trop difficile. Zaza agit aussitôt, comme si ce genre de chose lui venait naturellement. Elle enlace la jeune fille, étreinte forte et sincère.

Et lui observe ça avec un mélange coupable d’envie et d’admiration. Il admire la candeur du geste, l’aisance avec laquelle elle s’est emparée de sa peine. Il jalouse le fait qu’elle s’empare de cette peine là.

Et il regrette de désirer qu’elle s’empare de lui de la même façon.

« Elle parlait souvent de vous quand je m'occupais d'elle. » La jeune fille sourit. Son soulagement suffit peut-être à neutraliser la malédiction du parapluie, parce que les gouttes s'espacent de plus en plus, remplacées par un crachin faible. Deandre le referme d’un geste sec, l’ébroue pour le débarrasser des larmes accumulées. Il le garde en main. Il est fort probable qu’ils en auront encore besoin à l’avenir.

Zaza souffle un grand coup lorsque la fille s’éloigne, manifestement éreintée par ses mensonges. Il a presque envie de la toucher pour appuyer des félicitations mais il se contente de l’observer, dans l’expectative. « Y a plus qu'à espérer que sa vraie coiffeuse ne s'pointe pas. » Un semblant de sourire pensif lui retrousse les lèvres. L’inquiétude de Zaza lui semble infondée, et il est de toute façon trop préoccupé par un détail. « Je savais même pas que t’étais coiffeuse. »

Ses yeux glissent progressivement loin de sa figure. Le cortège s’annonce au détour de la rue, masse noire, lente et mouvante. « Ma mère l’est aussi… » Il souffle l’information anecdotique comme s’il s’agissait d’une arrière pensée, entièrement focalisé sur l’avancée du cercueil. Seul un mouvement parvient à détourner son attention.

La main de Zaza volette comme un papillon mourant. Elle échoue dans une poche pour agoniser.

Deandre pince les lèvres et fait comme s’il n’avait rien vu.

Le cercueil est porté par plusieurs hommes, dont le petit-frère de Kelly. Il n’a été que brièvement montré aux informations, mais il est facile à reconnaître - une quinzaine d’années, le nez retroussé, le genre de visage espiègle sur lequel la tristesse s’imprime mal, déplacée, insolite. Il ploie presque sous le poids de sa soeur, tout devant, mais il garde la bouche serrée, le regard fixe et les muscles bandés.

Son père a une main posée sur le bois noir et verni, comme s’il voulait réconforter sa fille. Son bras libre enlace sa femme, qui a enterré son nez dans un mouchoir, les yeux déjà rouges. Seule l’étreinte semble la maintenir sur terre, parmi eux. Son esprit s’est manifestement déjà envolé dans des contrées où la douleur règne d’une main de fer, tyran sans bourreau.

Deandre est arraché au spectacle par le gémissement du portail d’entrée. Un homme - le fossoyeur, peut-être - vient de leur ouvrir. Il adresse au petit attroupement déjà assemblé un signe de tête solennel, avant de les inviter à entrer d’un geste. Le cortège les rattrapera bientôt, et ils pourront repérer le lieux en avance. Deandre traverse la frontière entre mort et vie d’un seul pas. Ses yeux furètent entre les tombes. Certaines sont fleuries au point d’être de véritables îlots de nature, tandis que d’autres sont raclées par la pluie, l’indifférence.

Il y a un gouffre béant à droite. Il ouvre sa gueule noire, profonde. Deandre jette ses yeux et un peu de son appréhension dedans, effleure le bras de Zaza pour le lui indiquer. « C’est par là. »
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Zaza Molina
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MessageSujet: Re: requiem ; zaza    requiem ; zaza  EmptyMer 29 Jan - 14:10

Oui, mais je lui dois quelque chose. À elle. Elle bloque, sa gorge se serre si fort qu'elle reste en apnée quelques secondes avant d'inspirer très faiblement. Ses yeux vagabondent nerveusement devant elle alors qu'un sentiment de honte lui raidit le dos. Elle demeure ridicule face aux mots de Deandre qui ont le don de remettre les choses en perspectives. Elle a réagit égoïstement, se plaçant au centre des choses comme une gamine qu'on aurait trop gâtée. Évidemment qu'il n'est pas là pour elle. Elle s'en veut d'avoir placé son égo et ses craintes avant la pauvre défunte. Quelle idiote. Elle lève brièvement les yeux vers le ciel, que Dieu lui pardonne cet excès d'égocentrisme.

Préférant balayer ce malaise le plus tôt possible, elle finit par réagir pour lui porter secours avec ce bouton, puisque sa lutte n'en finit pas. Elle retrouve un peu plus de sérénité lorsqu'elle s'écarte de lui et qu'une amorce de discussion prend forme. Ils ne parlent ni d'eux, ni du passé, ni d'aujourd'hui. Le terrain semble neutre, presque rassurant même et elle parvient ainsi à se détendre. Elle cherche ses mots, tente d'expliquer les choses du mieux qu'elle peut. Deandre l'écoute, attentif et ose une intervention des plus inattendues. — Y a des gens qui ne sont plus jamais heureux. Après. Elle se redresse, interloquée. Son regard gravite sur lui, comme à la recherche d'une réponse. Elle sent bien qu'il n'est pas à son aise ici et elle commence à se dire que ce n'est peut-être pas uniquement à cause de Kelly. Ses mots raisonnent en elle et pendant une seconde, elle repense au père de Dom. Il n'a jamais réussi à se remettre de la mort de son fils aîné, pourtant le temps a passé. Elle baisse les yeux, songeuse. Lui lance une dernière œillade en biais mais décide de ne pas relever. Deandre semble s'être renfermé sur lui-même, elle ne le sent pas enclin à poursuivre dans cette voie, encore moins à subir la moindre curiosité. Alors elle se contente de poursuivre son explication, espérant réussir à le tirer des noires pensées dans lesquelles il a l'air de sombrer. Ses mots semblent capter son attention, il se rouvre un peu. Il faudra malgré tout qu'elle attende quelques instants avant d'obtenir la moindre réponse. — J'suppose que si je venais de mourir je préférerais qu’on me célèbre comme ça. Elle l'observe attentivement avant de hocher la tête pour approuver ses dires. Elle aussi. Elle n'a pas envie d'un enterrement déprimant dans la grisaille étasunienne. Elle veut être rapatriée au pays et enterrée là-bas, dans la tradition locale.

J’crois surtout que la pluie nous suit, en fait. Ton parapluie est peut-être maudit. La légèreté de sa remarque la surprend. Elle pivote vers lui, les yeux quelque peu arrondis avant de se mettre à rire discrètement, sincèrement amusée. Et plutôt contente de le voir se détendre un peu. — Ah oui, le fameux parapluie maudit. Qu'elle répond, un tant soit peu moqueuse. Elle réagit ensuite plus vivement, comme si elle venait d'avoir une illumination. — Hey, non en plus ! La première fois, je ne l'avais pas sur moi. La pluie les avait surpris en traitre, alors qu'ils n'avaient rien pour se protéger d'elle. Elle fait une petite moue déconfite en se souvenant de la radée qu'ils s'étaient pris. — J'aurais bien aimé l'avoir à c'moment-là. Malgré la veste donnée par Deandre, ça n'avait pas suffit à la protéger correctement. Elle pose les yeux sur lui, se remémorant l'instant. Pour lui, ce fut pire. Dépourvu de veste, il avait dû essuyer ce caprice du ciel désarmé. Et il n'avait eu pour toute récompense qu'un vieux parapluie et un papier mouillé. Elle aurait dû le faire rentrer. Cette pensée gonfle son cœur de regrets amers et elle échappe un léger soupir contrit. A quoi bon ressasser, elle ne peut plus rien y changer de toute façon.

La discussion se poursuit, comme un moment de répit dans la tempête qu'il traverse. Elle s'y accroche, savoure le calme et essaye de ne pas penser à ce qui les attend et qui se rapproche bien trop vite à son goût. — Quelque part. Peut-être vers l’ouest ? Si j’pouvais ouvrir mon propre commerce, quelque chose comme ça. J’ai absolument pas les moyens pour le moment. Elle reste muette, n'osant pas ajouter quoi que ce soit de peur de le couper dans son élan. Elle se dit que le silence l'incitera à parler plus et c'est ce qu'elle veut. Elle veut en savoir plus. Sans savoir si ça lui servira un jour. Si ce sont des sujets qu'ils pourront aborder de nouveau un jour, plus en profondeur. Ou si elle devra se contenter de ça, définitivement. Et finir par oublier un jour, peut-être même l'oublier lui. S'en souvenir quand elle sera veille, au détour d'une conversation sur ses jeunes années, des étoiles pleins les yeux, parler de lui aux futures générations comme d'une chimère. Comme le coffre d'un trésor dont on a jamais trouvé la clé. Un potentiel bonheur manqué.

Oui et non, pour le manque. Ma famille me manque. Mes potes me manquent. Mais Baltimore, c’est comme Detroit. T’as dû entendre parler des émeutes en 2015, c’est un peu la guerre constante là-bas. Et t’as ce connard de Trump qui dit que la ville est infestée de rats, comme si lui et tout le système étaient pas à l’origine de l’infection. Elle se déride aussitôt, amusée par son ton vindicatif, elle ne le savait pas comme ça. Elle devine le mépris qu'il éprouve à l'encontre de leur président et elle ne peut que le partager. Chacune de ses prises de paroles, de ses décisions, est plus abjecte que la précédente. Il ne semble pas avoir de limite dans son inhumanité. — Quoi ? T'aimes pas notre président ? Qu'elle interroge, sur un ton faussement outré, sourire mal dissimulé au bord des lèvres. — J'le trouve pourtant sensé, surtout quand il tweet. Elle ne tient plus et ricane, un peu désespérée. Elle secoue la tête de gauche à droite, les lèvres étirées et elle lance un regard complice à Deandre. Le calme revient, elle laisse filer quelques secondes avant que la curiosité ne l'emporte. — Pourquoi t'es parti de Baltimore si ta famille et tes amis sont là-bas ? Elle se mordille un peu l'intérieur de la lèvre, ne sachant pas si elle a posé la question de trop ou non. Elle regarde ailleurs, comme pour lui faire comprendre que ce n'est pas si important, et qu'un silence lui convient très bien aussi.

Ils ne sont plus seuls désormais. Zaza tente de se montrer courtoise mais la situation tourne à son désavantage lorsque son sourire est interprété comme un signal d'ouverture. La jeune fille s'approche, tenant Zaza en haleine. Par chance, l'échange se déroule sans encombre et ils ne sont pas découverts. Deandre est resté muet tout le long, se contentant d'observer la scène et de jouer son rôle d'accompagnateur en retrait à la perfection. L'étreinte la soulage autant qu'elle lui flingue le cœur. C'est étrange de partager quelque chose avec quelqu'un qu'on ne connait pas et qui n'est lié à nous d'aucune façon. Zaza à l'impression d'être un imposteur et ce rôle ne lui convient pas. Elle demeure malgré tout incroyablement sincère dans la bienveillance de ses mots et de ses gestes, laissant l'inconnue filer retrouver ses amies. L'instant fut bref, mais suffisamment intense pour lui tirer une partie de son énergie. Lorsqu'elle s'écroule contre le mur, elle se sent vidée. Le plus dur reste pourtant encore à affronter.

Elle reprend la parole, tente de désamorcer la bombe dans sa poitrine en pensant à autre chose. — Je savais même pas que t’étais coiffeuse. Elle écarquille les yeux, sincèrement surprise. — Oh ? Elle ne saurait dire pourquoi, mais elle était convaincue que cette information avait filtrée un jour. Elle réalise vite que ce n'est pas le cas, que l'occasion ne s'est pas présentée, entre un cadavre et une boucherie. Ses épaules retombent. — Ah oui... Qu'elle ajoute simplement, l'esprit encore un peu ailleurs. Il lui faut quelques secondes avant de tourner la tête vers lui et d'observer ses cheveux. Elle aimerait ajouter qu'elle sait coiffer les cheveux comme lui, que ça lui ferait plaisir de le faire même. Mais elle garde ça pour elle, ce serait probablement déplacé. Même si ça lui ferait une bonne excuse pour le revoir. — Ma mère l’est aussi… L'information lui fait un drôle d'effet. Comme un sentiment de malêtre. Ses sourcils se froncent très légèrement, c'est à peine perceptible. Elle a subitement l'impression d'être associée à sa mère, comme mise dans une case, elle ne saurait dire pourquoi. Tout ce qu'elle sait, c'est que ça ne lui plait pas. Elle a envie malgré tout de lui poser des questions, elle ouvre même la bouche pour le faire, puisque le terrain est neutre elle se sent plus confiante. Mais l'arrivée du cortège bouleverse ses plans et elle doit se raviser. Les questions viendront plus tard, peut-être. Si l'occasion se présente.

Ils se redressent et lorsque le portail s'ouvre, les gens commencent déjà à pénétrer en attendant que le cortège ne les rejoigne. Zaza n'ose pas vraiment regarder, elle n'a pas envie d'affronter les mines effondrées des proches. Elle se sait trop sensible et elle voudrait éviter de pleurer. Tout en sachant pertinemment qu'elle le fera, tôt ou tard.

Le silence qui pèse autour d'eux est lourd, tellement que ça lui donne l'impression d'avancer au ralentit, comme si elle devait luter contre une force invisible qui la tirait en arrière. Ses yeux se posent vaguement sur le trou creusé, elle le contemple une seconde avec une sensation d'immense tristesse. Et de malaise surtout. Comme si ce trou avait quelque chose de contre-nature - comme la mort de Kelly. Deandre effleure son bras et ça a le don de la ramener sur terre. Elle inspire discrètement pour se donner du courage et le suit lorsqu'il lui indique la direction à suivre. Les gens s'agglutinent et elle ne se sent pas à sa place parmi-eux. Très vite, elle tire sur la manche de la veste de Deandre. — Viens. Et elle l'entraine un peu plus loin parmi les stèles. Ils se retrouvent très légèrement à l'écart, pas suffisamment pour que ça paraisse étrange et attire l'attention sur eux. Mais juste ce qu'il faut pour sortir de cette bulle de chagrin. Elle le relâche et remet sa main dans sa poche. — J'me sentais pas d'me mêler à la foule comme ça. Peut-être qu'il comprendra.

Et puis ils attendent. La tension monte et elle n'est plus capable de parler. Le cortège finit par entrer dans le cimetière et les rejoindre. La foule s'intensifie et devient dense, les obligeant à reculer un peu encore pour conserver leur distance. D'où ils ne sont, ils ne voient pas grand chose. Une voix s'élève, elle semble un peu lointaine et solennelle, déclamant un discours parfaitement maitrisé. Zaza observe les gens. Des visages interdits, des visages larmoyants. On entend les sanglots et les reniflements. Les gens sont proches, s'enlacent et se tiennent la main pour certains. Le tout accumulé forme comme une énorme bulle d'émotions qui éclate au visage de Zaza et fait déborder les siennes. Elle se retient comme elle peut, sa gorge lui fait vraiment mal. Mais malgré tout, ses yeux se remplissent et les premières larmes commencent à dévaler la pente de ses joues dans un silence de mort. Zaza se redresse et inspire, la respiration un peu tremblante. Elle s'active, mal à l'aise et pivote, tournant le dos à la foule et faisant face à Deandre. Elle essuie ses joues d'un geste rapide, comme prise de panique. Elle murmure pour que personne d'autre à part lui n'entende. — Mais qu'est-ce qu'on fout là putain... ? L'instant est intime et elle a l'impression de violer ça. Elle regrette sincèrement d'être venue, ne réalisant la bêtise de la chose que maintenant. Elle voudrait partir, maintenant, mais ce serait encore pire. Tout le monde les verrait faire. Elle n'arrive pas à se calmer, sent la perte de contrôle pointer le bout de son nez et doit décupler ses efforts pour rester maitre d'elle-même.
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Deandre Parker
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MessageSujet: Re: requiem ; zaza    requiem ; zaza  EmptyMer 29 Jan - 19:38

Il n’a pas pu s’empêcher de mêler à leur histoire son propre vécu. Deandre est souvent partagé entre l’envie de ne jamais parler de ça et le désir inavouable que quelqu’un devine et le force à cracher tout ce qui s’est accumulé, tout ce qui pèse à l’intérieur et empoisonne son sang, ses pensées, ses actes.

Zaza l’observe. Il redoute qu’elle ait senti la faille, la supplie silencieusement de ne pas s’engouffrer dedans. Elle ne répond heureusement pas, ce qui lui permet de faire diversion et d’aborder d’autres sujets. La mort est omniprésente dans leur conversation, mais elle n’est que fantasmée. Les cortèges de Cuba sont imaginaires, colorés et plein de chaleur, loin de cet enterrement déjà détrempé.

La pluie l’inspire cependant. Il ironise, le parapluie au bout des doigts. Zaza se tourne vers lui, l’air un peu surpris, avant de rire. « Ah oui, le fameux parapluie maudit. » Le ton légèrement moqueur qu’elle emploie est familier, presque nostalgique. Il lui rappelle ses remarques un peu sèches dans l’escalier de son immeuble et sa conversation dans le Sub. Leur dernière discussion avait une voix sérieuse et hésitante, loin des plaisanteries dont il parsème souvent ses propos. Deandre se prête naturellement au jeu et hausse un sourcil, l’ombre d’un sourire ironique en coin. « Oui, ce parapluie là précisément. »

« Hey, non en plus ! La première fois, je ne l'avais pas sur moi. » Zaza esquisse une moue et lui hausse les épaules. L’averse et ce qui a suivi sont des souvenirs indélébiles, une flaque qui s’est creusée dans le bitume et qui se remplit régulièrement d’incompréhension. Au lieu de combler le tout d’un peu plus d’amertume, il choisit de faire pleuvoir un peu de sarcasme. « Oh, t’inquiète, j’m’en souviens. » La remarque semblerait rancunière si elle n’était pas lâchée sur un ton détaché. Son expression est aussi nonchalante que ses mots. C’est peut-être ça, la clé de cette histoire : relativiser en dédramatisant tout ce qui n’est pas le meurtre de Kelly. Il a voulu quelque chose d’indéfini, il ne l’a pas eu. Plus qu’à ironiser sur ses vêtements détrempés et ses espoirs mal placés.

« J'aurais bien aimé l'avoir à c'moment-là. » Elle ne l’a en tout cas pas oublié aujourd’hui, comme si la pluie devait être une évidence à un enterrement.

Leur discussion les projette dans l’avenir. Zaza est attentive, concentrée, auditoire ouvert qui encourage la confession. Deandre se permet même le genre de récrimination qui lui vient souvent, éternel insatisfait et râleur perpétuel. Ses reproches à l’administration lui valent les prémisses d’un sourire mal caché, tapi sous un ton faussement outré. « Quoi ? T'aimes pas notre président ? J'le trouve pourtant sensé, surtout quand il tweet. » Et elle ricane, incapable de poursuivre la mascarade plus longtemps. Ils n’ont tous deux aucune raison d’aimer l’orange pourrie qui leur sert de chef d’état, indésirables en danger dans leur propre pays. Ils échangent un regard complice, débarrassés momentanément du poids des derniers jours. « Tu t’trompes, j’suis très fan. » Une main se lève pour effleurer sa tête. Le sourire qu’il esquisse manque de se muer en rire parce qu’il trouve sa propre idée ridicule. « J’veux un toupet tout comme lui. »

Des secondes s’écoulent avant qu’elle ne fige le temps. « Pourquoi t'es parti de Baltimore si ta famille et tes amis sont là-bas ? »

Deandre ne s’immobilise pas, mais son esprit s’englue rapidement dans des mensonges et des vérités qu’il n’a pas envie de dire. Zaza regarde de toute façon ailleurs, comme si elle avait déjà compris qu’elle n’obtiendra pas de réponse. Un mouvement de la main évasif - c’est trop long à expliquer - lui sert de diversion. Ce n’est pas entièrement faux. Il serait long et laborieux de vocaliser une douleur qu’il n’a jamais formulé jusque là.

Zaza justifie leur présence à l’enterrement. Deandre se repose avec soulagement sur l’empathie qu’elle offre à la jeune fille venu leur parler. Le cortège se profile au moment où cette dernière s’en va. « Oh ? Ah oui... » Ses yeux se détachent de sa figure pour se jeter sur le rythme cadencé de la procession funèbre. Il peut cependant sentir qu’on le regarde. Le rapprochement qu’il fait avec sa mère est à peine réfléchi, plus instinctif qu’autre chose. Deandre a grandi dans le salon de coiffure où elle travaillait. Il y passait les fins d’après-midi après l’école, et il y a rencontré l’un de ses meilleurs potes. Ils étaient deux gamins qui trompaient l’ennui pendant que les femmes s’affairaient. C’est peut-être là-bas qu’il a appris la vertu des mains patientes, expertes. Aujourd’hui encore, il se surprend à rechercher l’ambiance de son enfance dans les salons qu’il fréquente - lorsque sa mère n’exige pas de s’occuper seule de ses cheveux.

Le portail du cimetière s’ouvre sur l’enterrement à venir. Deandre entre, Zaza sur les talons. L’atmosphère s’est assombrie. Elle pèse comme le cercueil que l’on porte jusqu’au trou.

Le cimetière se remplit rapidement. Les visages se confondent, expressions figées dans une certaine souffrance qu’il étudie à peine, les yeux dans le vague. Il tente de vider son esprit de tout souvenir pour accorder à la défunte ce dernier moment spécial.

On tire sur sa manche. « Viens. »

Deandre abdique docilement. « J'me sentais pas d'me mêler à la foule comme ça. » Et il acquiesce d’un mouvement de tête indulgent. Il est de toute façon préférable qu’il ne soit pas aux premières loges. Cette place trop proche du vide revient à sa famille. Et il aurait peur de tomber dedans.

La voix qui s’élève pour rendre hommage à Kelly est calme, pondérée. Deandre se laisse bercer par les mots, la main qui ne tient pas le parapluie fermé dans une poche. Se perdre dans la vie racontée lui permet de ne pas s’attarder sur lui-même, sur ce qui se passe exactement. Ses prunelles sont noyées dans une sorte d’attention absente. Il est conscient de ce qui se passe mais ne laisse pas l’impact le frapper.

Zaza le prend de plein fouet.

L’inspiration qu’elle prend l’arrache à son espèce de transe anesthésiée. Deandre l’observe avec une sorte de sollicitude prudente lorsqu’il remarque que les larmes ont commencé à couler. Zaza se tourne, retourne, agitée par l’emprise qu’ont sur elle les émotions. Elle lui fait face, comme ça, joues humides et chagrin dans les yeux. Quelque chose se serre dans son estomac. Il pince les lèvres.

« Mais qu'est-ce qu'on fout là putain... ? »

La question le laisse désemparé. Il n’a pas de réponse, pas de justification satisfaisante.

Ils sont là parce qu’ils l’ont trouvée alors qu’il était trop tard. Ils sont là parce qu’ils doivent lui rendre hommage. Ils sont là parce qu’ils l’ont décidé. Ils sont là parce qu’il le faut. Ils sont là. Ensemble.

La main qu’il réchauffait dans sa poche s’extirpe lentement du tissu. L’hésitation alourdit un peu son geste. Deandre n’est pas sûr qu’elle veuille être touchée, surtout par lui. Mais il franchit finalement la frontière physique et émotionnelle qu’il s’est imposé et effleure son menton du bout du pouce, histoire de lui rappeler qu’il est là. Il essuie quelques unes des larmes qui avaient échoué là.

Ses mouvements sont lents, prudents. Il pose le parapluie sur les graviers, juste à côté de lui. L’enterrement est devenu une sorte d’arrière-fond - il a conscience de son déroulement, mais se focaliser sur Zaza lui permet de faire abstraction de toute la souffrance ambiante. Le sentiment est presque identique à celui qui l’avait animé dans le Sub, lorsqu’ils s’étaient extirpés de là. Ce besoin de prendre sur lui un peu de son choc, de les guider dans les méandres de l’incompréhension.

Il détache ses doigts de sa figure et présente ses deux paumes en avant, les épaules un peu haussées. L’offre demeure silencieuse, un peu grave. Sa posture est relaxée, accueillante, alors que son esprit se noie dans le doute. Elle ne veut peut-être pas d’une étreinte, mais c’est la seule chose qu’il puisse offrir. L’envie de la lui donner est puissante, presque destructrice.

C’est lui qui s’écroulera si elle se réfugie ailleurs, ruine parmi les tombes.
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Zaza Molina
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MessageSujet: Re: requiem ; zaza    requiem ; zaza  EmptyJeu 30 Jan - 0:53

Oui, ce parapluie là précisément. Elle rit discrètement, le préfère comme ça. Quand il laisse entrevoir un peu plus de lui-même, de sa - peut-être - véritable nature. Elle admire un peu secrètement cette aisance qu'il a. A aller vers les gens, à dire les choses telles qu'elles sont. Comme s'il ne redoutait rien, ou qu'en tout cas, il était suffisamment fort pour passer outre. Elle pourrait le jalouser, mais elle apprécie bien trop cette qualité chez lui pour transformer ça en quelque chose de malsain. Elle aimerait simplement pouvoir en profiter un peu plus. Se dit qu'une autre le fera probablement un jour. Elle en aura de la chance.

Oh, t’inquiète, j’m’en souviens. Elle affiche une petite moue contrite qui se veut compatissante, mais l'éclat de malice dans ses yeux la discrédite aussitôt. Elle voudrait pouvoir en rire, si tout ne s'était pas aussi mal terminé. S'il n'était pas à un enterrement également. Elle voudrait reparler de cette soirée, en omettant Kelly dans l'équation. Se concentrer sur eux. Ce qu'elle lui a dit à la boucherie l'autre jour ne lui plait pas. C'était trop hésitant, trop ridicule. Elle l'imagine très bien la considérer comme une espèce de gamine timide. Et personne n'aime ça.

Tu t’trompes, j’suis très fan. Son sourire ne la quitte plus et pendant un bref instant, elle oublierait presque où elle se trouve. Ses yeux suivent attentivement le mouvement de sa main, avec une curiosité évidente ; interpelée. — J’veux un toupet tout comme lui. Elle manque de s'étouffer en retenant un éclat de rire, venant plaquer ses deux mains sur sa bouche pour empêcher le moindre son de sortir. Ce serait extrêmement mal venu, surtout alors qu'ils sont de plus en plus entourés. Elle prend le temps de calmer le fou-rire - probablement un peu nerveux - qui menace de sortir, puis retire ses mains prudemment et expire l'air contenu dans ses poumons. Elle lui refile un coup d'coude. — C'est malin ! Qu'elle proteste, les yeux brillants, les lèvres étirées et œillade furtive.

Mais le calme revient vite alors qu'elle pose la question de trop. Deandre se referme aussitôt et il semble à nouveau inaccessible. Elle baisse les yeux, un peu dépitée et confuse d'avoir merdé. Voilà ce qui arrive quand elle se sent un peu plus à l'aise et se met à parler : elle fout les deux pieds dans le plat. Elle se met à triturer nerveusement ses doigts, les yeux rivés dessus, ne pipant plus mot. Deandre n'en dit pas plus, elle remarque à peine la main qu'il balance pour balayer tout ça. Elle a touché un point sensible et elle s'en veut, elle n'avait pas envie de réveiller quoi que ce soit de douloureux pour lui. Surtout quand elle ne peut pas même pas le consoler ensuite.

Le cortège arrive, la foule pénètre silencieusement dans ce lieu de recueil et ils suivent le mouvement. Subitement, tout redevient grave, le ciel est à nouveau lourd et menaçant. Elle peine à se sentir à son aise ici et très vite, elle incite Deandre à s'éloigner un peu avec elle. Il ne proteste pas, se laisse faire et l'accompagne sans un mot. Il ne répond rien, se contente de hocher la tête pour dire qu'il comprend. C'est assez récurrent chez lui cette façon de faire.

La suite des évènements est ingérable pour Zaza. La situation est trop compliquée, la mort de Kelly trop violente, l'image de son visage insoutenable et leur présence ici déplacée. Elle panique, s'agite, jusqu'à carrément se détourner de l'horrible spectacle. Elle s'en veut de craquer aussi vite, se sent à nouveau terriblement égoïste et ça n'arrange rien. Ça ne fait qu'ajouter un poids sur ses épaules déjà bien chargées. Elle est à deux doigts d'éclater franchement en sanglots, la phrase qu'elle formule est tremblante et cette fois-ci, le calme apparent de Deandre ne l'aide pas à se fixer dessus et à en faire de même.

Jusqu'à ce que son pouce se pose sur son menton. Elle hoquète brièvement et relève ses yeux mouillés vers lui. Elle s'ancre dans son regard pour s'empêcher de dériver, sa peau contre la sienne est comme une bouée. Sa respiration cesse d'accélérer, Deandre forme comme un barrage solide pour empêcher le moindre de ses débordements. Les sanglots se coincent dans sa gorge, lui font mal, mais à chaque larmes qu'il essuie elle les sent s'évaporer, lui libérant la trachée et laissant l'air circuler librement jusqu'à ses poumons. Sa respiration se régule, ralentit, jusqu'à redevenir raisonnable. Ils ont évité le pire. Elle renifle, essuie ses yeux de sa main gauche, un peu penaude avant que ceux-ci ne tombent sur les paumes tendues de Deandre.

Il ne lui faut même pas une seconde entière pour se décider.

Le mouvement est rapide, comme poussé par son instinct de survie. Elle se jette contre lui à corps perdu. Ses émotions qui se heurtent violemment à lui, ses bras l'entourent tandis que sa tête se pose contre son torse. Et elle le serre puissamment, comme si elle tentait d'étouffer ses sentiments. Et ceux de Deandre au passage. Elle ne pense plus à rien de précis. Tout s'emmêle dans sa tête, pour former un tas informe et terrifiant qui grossit à chaque seconde. Ses doigts s'agrippe au tissu de la veste et elle se concentre sur la respiration de Deandre. Son oreille contre sa cage thoracique, elle tente de percevoir le battement de son corps pour essayer de calquer le sien dessus, histoire de le ramener à une fréquence acceptable.

La voix au loin revient subitement envahir leur bulle protectrice. Le temps s'écoule lentement et elle ne relâche pas sa prise, elle n'est pas encore prête. Lorsqu'elle entend la foule s'agiter un peu, elle tourne la tête pour regarder dans cette direction, et la repose très vite à sa place initiale.

La mise en terre commence.
Après ça, Kelly ne sera plus qu'une stèle parmi tant d'autres.
Un souvenir.
Une histoire qui tournera encore quelques temps à la télé.
Et puis on l'oubliera elle aussi, comme on a déjà oublié tous les autres.

On entend des pleurs se détacher plus que les autres, des sanglots plaintifs, comme une lente agonie. Zaza devine qu'ils proviennent probablement de la mère et ça lui brise le cœur. Elle ferme les yeux mais tout ce qu'elle voit c'est Kelly dans le Sub. Et c'est là qu'elle comprend. Elle n'a aucun autre souvenir d'elle auquel se raccrocher. Rien d'heureux, rien de vivant. Juste la mort, juste l'après. Ça bouscule tout l'ordre habituel, l'empêche de se réchauffer le cœur avec le souvenir de moments partagés ensemble. Cette idée l'obsède. A tel point qu'elle relâche brusquement Deandre et s'éloigne, perdue dans sa nouvelle obsession. Elle se réfugie derrière un arbre et s'accroupit, appuyant son dos dessus. Elle sort son téléphone et ouvre Internet, et tape dans la barre de recherche : Kelly Osborn la crosse. Elle fait défiler les résultats, jusqu'au cinquième lien qui mène vers une vidéo sur une page Facebook. Elle a le cœur qui bat, s'énerve un peu de la connexion trop lente. La page semble bien appartenir à l'équipe féminine de Detroit. Et elle lance la vidéo en retenant son souffle, impatiente et craintive à la fois de la découvrir en vie.
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Deandre Parker
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MessageSujet: Re: requiem ; zaza    requiem ; zaza  EmptyJeu 30 Jan - 21:48

Les sourires et éclats de joie hâtivement cachés embaument le coeur, mais ils ne contribuent finalement qu’à une sensation de gâchis. Il n’a pas envie de s’attacher à tout ce potentiel entrevu - conversation facile, complicité naissante - qui ne survivra jamais plus de quelques secondes. Cela ne créerait que plus de souvenirs à chérir, à regretter. Tout ce qu’ils auraient pu être, tout ce qu’ils ne seront pas. Il est trop facile de s’éprendre d’une minute et de la transformer en éternité d’espérance.

Kelly a aussi l’éternité devant elle, bien qu’elle n’ait aucun espoir pour lui tenir compagnie. L’atmosphère pèse trop lourd sur Zaza qui craque, cherche une échappatoire. Lorsqu’il essuie quelques larmes et tend les mains, Deandre s’attend presque à ce qu’elle recule, se retourne, lui accorde le même genre de refus désolé que la dernière fois. Le contraire éclot sous ses yeux, drôle de fleur gorgée d’une rosée chagrinée, dont le parfum l’étouffe de sentiments contradictoires, envahissants. Espoir et crainte. Affection et prudence. Compassion et circonspection. La respiration de Zaza retrouve un rythme plus apaisé. Elle lui donne presque trop de pouvoir, trop d’emprise sur elle. C’est encore quelque chose qu’il regrettera plus tard. D’avoir pu la consoler un jour, et de ne plus jamais pouvoir le refaire.

Ses yeux tombent sur ses mains.

Il n’a pas le temps de douter ou d’espérer. Zaza se jette dans ses bras, émotions et corps violemment entrechoqués, entremêlés. Deandre retient son souffle un peu trop longtemps, les yeux baissés sur son front. Il ne sait pas quoi faire de la vague d’émotions qui le submerge et se contente de se noyer dans sa présence, dans le fait qu’elle lui accorde ça. L’enterrement est devenu un arrière-fond sonore et lugubre, un décor surréaliste qu’il observe à peine. Le temps s’écoule trop lentement, trop vite. Il y prête une attention accrue, redoute le moment où elle se détachera, disparaîtra.

Il est en train de réaliser que c’est sûrement leur dernière étreinte.

Le cercueil s’enfonce dans la terre prudemment. Il ne voit que partiellement ce qui se passe, de là où il est - mais il entend trop bien les pleurs de plus en plus déchirants d’une femme qui entrecoupe ses sanglots de quelques mots incohérents. Sa poitrine se gonfle sur un soupir qu’il retient trop longtemps, jusqu’à ce qu’il explose, un peu étranglé. La tristesse de Zaza pèse déjà contre lui, mais celle de la mère de Kelly est encore plus étouffante, trop familière, trop insupportable. Elle réveille une culpabilité coupée de cette réalité, comme s’il était aussi responsable de cette mort là, de ce chagrin-ci. Il n’a pas tué Kelly, mais il est arrivé trop tard.

Encore une fois.

Zaza s’arrache subitement à ses bras.

Deandre demeure immobile. Seuls ses yeux la suivent alors qu’elle s’éloigne, disparaît derrière un arbre décharné par l’hiver. Il a froid. Sa présence lui manque aussitôt, comme si elle avait creusé sa place entre ses bras et que son absence le rendait incomplet.

Peut-être regrette-t-elle de lui avoir accordé ça.

La terre recouvre petit à petit le cercueil. Comme pour appuyer sa conclusion, la pluie s’abat à nouveau, plus impitoyable qu’avant. Deandre se baisse lentement, engourdi, pour ramasser le parapluie qu’il ouvre au-dessus de sa tête. Les sanglots de la mère de Kelly lui parviennent encore, et il devine du bout des yeux que son mari la retient parce qu’elle se penche vers le vide, désireuse d’être happée par ce dernier.

Ses yeux le piquent et sa gorge se serre. Il y a quelque chose de coincé là - une masse insupportable. Ses doigts tremblent presque lorsqu’il défait à l’aveuglette le premier bouton de sa chemise, encore. La libération de son cou ne lui permet pas de respirer, mais il est frappé de plein fouet par un vent froid, chargé d’humidité.

Deandre détourne les yeux. C’est à son tour de ne plus pouvoir supporter le spectacle.

L’arbre sous lequel s’est réfugié Zaza a perdu toutes ses feuilles. Il tend vers le ciel des bras tors, presque osseux. Elle semble absorbée par ce qu’elle regarde sur son téléphone. Deandre fait crisser ses chaussures sur les graviers pour qu’elle l’entende venir et, une fois à sa hauteur, il tend le parapluie au-dessus de sa tête pour que les gouttes ne tombent plus sur l’écran.

Ses yeux se plissent. Il reconnaît vaguement ce qu’elle est en train de regarder. « Qu’est-ce que tu fais ? » La question est posée sur un ton bienveillant, mais sa voix est enrouée. Deandre masse de sa main libre sa gorge libérée, tente de défaire le noeud qui la serre.

Derrière eux, les dernières pelletées de terre sont tombées en même temps que les roses amenées par certains membres de la famille. La foule échange des murmures désolés. Certaines personnes s’éparpillent dans le cimetière, d’autres s’assemblent autour de la famille proche pour lui donner du réconfort.

« C’est fini. »

Il a murmuré ça sur un ton presque étonné, comme s’il avait du mal à y croire. L’implication de son affirmation s’enfonce peu à peu dans son esprit - c’est fini. Kelly vient d’être mise en terre. Le cimetière va se vider. Ils vont la laisser seule. Toute seule.

Cette insupportable solitude.

Et lui aussi sera seul, bientôt. Dès que Zaza aura relevé les yeux, réalisé qu’elle peut partir, disparaître de sa vie. Il ne sait pas comment supporter cette information, réalise que l’enterrement n’a pas aidé sur cette question. Il n’est pas encore soulagé, pas encore indifférent.

Il a besoin de plus de temps.
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Zaza Molina
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MessageSujet: Re: requiem ; zaza    requiem ; zaza  EmptyVen 31 Jan - 20:42

La fuite est nécessaire. S'extirper des bras de Deandre n'est pas agréable, comme quitter un refuge. Mais son besoin pressant parvient à faire taire le manque qui proteste dans sa poitrine et qui lui ordonne presque de faire demi-tour. Elle s'éclipse, déterminée. Tellement obsédée par sa nouvelle idée qu'elle ne prend même pas le temps de s'expliquer. Il ne sait pas lui, qu'elle a parfois des soucis. Un cerveau quelque peu hystérique qui n'en fait qu'à sa tête, qui s'aveugle tout seul, qui déraille le cheminement normal du flux de ses pensées. Zaza est imprévisible, souffre elle-même de ce dysfonctionnement qu'elle n'a pas encore réellement identifié. Personne n'a jamais mis le doigt dessus, parce qu'elle se perd dans la masse féminine que représente sa famille. Elles sont toutes folles les Molina, et au final ça ne veut plus rien dire. Personne ne s'en inquiète, parce qu'elles sont sympas, parce que les américains se contentent très bien des clichés véhiculés par la télé et auxquels les Molina répondent à la perfection. Alors, tant pis pour Deandre. Tant pis pour Zaza. Jusqu'au jour où ça la rattrapera.

La vidéo se lance, son cœur cogne rapidement. Elle renifle, essuie son visage, ne fait plus la différence entre les larmes et les gouttes de pluie. Elle tente d'abriter comme elle peut son téléphone, concentrée. La vidéo se termine, elle remonte la page, passe quelques photos, puis va dans l'onglet vidéo pour en trouver d'autres. Comme une crise de boulimie visuelle. Perdue dans ce monde abstrait, elle en oublie l'endroit où elle est et ce qu'elle fait ici. En regardant les vidéos, c'est comme si Kelly était toujours en vie.

Le crissement des graviers attire son attention, la sort un peu du monde irréel qu'elle fabrique dans sa tête, mais pas suffisamment pour qu'elle tourne la tête. La silhouette de Deandre se dessine dans son champ de vision et la seconde d'après, il ne pleut plus sur elle. — Qu’est-ce que tu fais ? Elle ne répond pas, incapable d'expliquer pour le moment. La crise bat son plein, elle n'arrive pas à en sortir ni à rationaliser ce qu'elle fait. La vidéo se termine, elle enchaine avec une nouvelle, inarrêtable.

C’est fini. Cette fois-ci, ses mots touchent quelque chose en elle, parviennent à se frayer un chemin dans le chaos. Elle décolle ses yeux de l'écran, les lève sur lui d'abord, presque étonnée de le voir ici. Et puis, elle se penche un peu, ses doigts se posent sur le sol trempé pour la retenir alors qu'elle jette un coup d’œil dans la direction de la tombe. Il y a du mouvement en effet, les gens qui partent et ceux qui restent, qui se rapprochent. D'où elle est, ils ne forment plus qu'une masse informe, comme s'ils avaient fusionnés leurs peines pour ne former qu'une boule de chagrin. Elle se détourne, reprend sa position initiale, un peu perdue. Sa main gauche se lève spontanément, attrape celle de Deandre et tire dessus pour l'inciter à s'accroupir à côté d'elle. Tout proche. Elle se décale un petit peu pour qu'il puisse prendre appui contre le tronc lui aussi. Elle relâche sa main et son bras gauche enroule celui de Deandre, pour le maintenir près d'elle. Elle relance la vidéo et baisse un peu le son. Sa tête finit par se poser sur l'épaule du garçon dans un mouvement las.

J'voulais voir à quoi elle ressemble quand elle est vivante. Elle ne sait pas comment conjuguer sa phrase, ne sait pas au bout de combien de temps il faut commencer à parler au passé d'un défunt. — La seule image que j'avais d'elle, c'était son visage dans le Sub. Y avait bien sa photo à la télé, mais ça ne suffisait pas. Et j'voulais plus revoir ça en boucle. J'avais besoin de pouvoir me souvenir d'elle autrement. Elle ne sait pas si ça a beaucoup de sens pour Deandre. — Regarde. Elle lance une autre vidéo, relève un peu l'écran pour que Deandre puisse en profiter pleinement. Il s'avère que Kelly était loin d'être la meilleure de son équipe, souvent perdue sur le terrain, un peu à côté de la plaque. Une séquence amuse Zaza, qui échappe un léger rire tendre. — Elle était nulle. Qu'elle avoue avec douceur. Il n'y a pas une once de moquerie dans sa voix, juste un constat qui lui permet de mieux cerner qui elle était. Et ça lui fait du bien.

La vidéo se termine et Zaza échappe un long soupir, se résignant à arrêter cette mascarade. Elle range le téléphone mais continue de s'agripper à son bras. Elle bouge un peu, la tête toujours sur son épaule mais elle la relève un peu, à la recherche de son regard. Elle s'est montrée assez égoïste depuis le début, n'a pensé qu'à elle, aveuglée par son incapacité à gérer ce qu'elle ressent, s'appuyant sur lui sans vraiment prendre en compte comment lui se sentait. Elle a pourtant vu des choses, senti des troubles. Deandre se donne l'apparence d'un colosse d'argile, mais ce qu'il dégage le trahi parfois. Sa main droite s'élève, délicate. Et le revers de ses doigts viennent effleurer la joue de Deandre. Quelques caresses pudiques, jusqu'à ce que ses doigts se déplient et que toute sa paume recouvre sa joue. Seul son pouce se mouve encore, cadence lente et régulière. Elle pourrait se perdre dans cet instant - ou dans ses yeux. Mettre sur pause, étirer les secondes. Tout faire pour qu'il ne disparaisse pas trop vite. Des émotions la bousculent violemment, mais il lui semble que ce ne sont pas les siennes cette fois-ci. Se front se plisse dans un mouvement soucieux. Elle ne sait pas ce qui secoue Deandre et elle ne demandera pas. Elle a trop peur de le braquer, comme tout à l'heure. Elle a compris qu'il y avait des limites à ne pas franchir, des choses à ne pas dire. Alors elle garde le silence.

En revanche, elle se détache de lui, sa tête se décolle de son épaule, son bras libère le sien. Elle se redresse un peu pour se mettre face à lui, pose un genoux à terre pour retrouver un semblant d'équilibre et tant pis si son collant prend l'eau. Et avec le même naturel que pour l'amie de Kelly, elle vient saisir Deandre. Ses bras passent autour de son cou et elle le serre contre elle. Sa tête collée à la sienne, elle l'étouffe de toute la compassion dont elle est capable. Comme pour aspirer ce qui le démange à l'intérieur. Son cœur bat tranquillement, comme apaisé après avoir trop pleuré.

C'est le froid qui la fait céder. Elle relâche progressivement la pression, jusqu'à s'écarter, laissant ses mains glisser sur ses épaules et le long de ses bras. Comme si elle ne voulait pas briser cette proximité d'une façon trop abrupte et soudaine. Elle lui sourit et se relève. Elle lui tend la main pour qu'il s'en saisisse. — Viens. Qu'elle souffle. La tombe a été désertée, les lieux se sont vidés.

C'est leur tour désormais.

Elle l'entraine avec elle, prudente. Ne sachant pas si c'est une bonne idée. Mais maintenant qu'elle a vu autre chose de Kelly, elle se sent prête à lui rendre un dernier hommage, comme si elle en avait enfin le droit. Mais elle ralentit et s'arrête brusquement lorsqu'un homme semble surgir de nulle part et les devance sans les voir. Elle observe son profil, intriguée. Des flashs de la soirée lui revienne et son visage lui semble familier, sans qu'elle ne parvienne vraiment à l'identifier. Elle tourne la tête vers Deandre, l'interrogeant du regard, curieuse de voir s'il a la même impression qu'elle ou pas. Le type finit par les entendre. Il tourne la tête, surprit. Et quand son regard tombe sur eux, il semble paniqué. —  Merde... Il recule, trébuche et fait brusquement demi-tour, cherchant à partir en courant. Dubitative, Zaza ne comprend pas et reste impuissante face à ce spectacle saugrenu.
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Deandre Parker
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MessageSujet: Re: requiem ; zaza    requiem ; zaza  EmptySam 1 Fév - 2:31

Zaza l’ignore, perdue dans un univers lointain, inaccessible. Les yeux de Deandre tombent sur l’écran. Une silhouette s’agite dans un passé tout aussi insaisissable, quelque peu maladroite. Kelly se différencie à peine de ses coéquipières dans son uniforme. Seule sa façon de se mouvoir un peu saccadée et sa queue de cheval dodelinante la trahissent.

Lorsqu’il annonce la fin, elle se détache enfin de cette vie perdue. Les yeux qui se lèvent sont surpris, arrachés à l’imaginaire, la projection dans un monde meilleur. Autour d’eux l’univers orbite, noir et froid, sans soleil cubain pour attendrir le cosmos. Elle est le seul éclat qui brille entre les tombes, adossée à son arbre, l’air un peu égarée. Il se perd lui-même dans sa contemplation, est surpris par la main qui le tire. Deandre suit docilement le mouvement qu’elle lui impose, comme d’habitude. Il cède toujours un peu facilement, avec elle. Le tronc est assez large pour accueillir leurs deux dos, bien qu’il mette quelques instants à trouver une position confortable. Son bras gauche est enlacé comme si elle voulait le retenir, le convaincre de rester là.

La vidéo est relancée. Kelly s’élance, crie quelque chose à une adversaire. La tête de Zaza tombe sur son épaule et ses yeux glissent, indécis, entre le souvenir et le présent. La jeune femme inconnue qui virevolte à l’écran, et puis la jeune femme presque inconnue qui se repose contre lui. Son attention est morcelée, divisée. « J'voulais voir à quoi elle ressemble quand elle est vivante. » Les yeux de Deandre retombent sur le match. Kelly s’est éloignée de la caméra, muée en une tâche criarde qui s’agite un peu vainement. « La seule image que j'avais d'elle, c'était son visage dans le Sub. Y avait bien sa photo à la télé, mais ça ne suffisait pas. Et j'voulais plus revoir ça en boucle. J'avais besoin de pouvoir me souvenir d'elle autrement. »

Il a toujours eu peur d’oublier. Tout. N’importe quoi. Il a grandi aux côtés de celle qui lui manque, déborde de souvenirs. Mais il lui semble parfois qu’il n’en a pas assez, qu’il n’a pas suffisamment chéri chaque instant, chaque moment. Les photos ne rendent pas compte de la beauté de Tianna. Il veut la voir vivante, éblouissante de vie, radieuse d’avenir. Il est incapable de regarder les photos longtemps. Elles rappellent la perte. Le moment où il est entré dans le funérarium pour regarder une dernière fois son cadavre maquillé.

Elle avait l’air différente.
Masque mortuaire.

« Regarde. » Il force ses yeux à se river sur l’écran, mais les joueuses se mélangent. Sa vision s’est brouillée et il ne discerne plus vraiment ce qu’il est censé voir. Mais il fait semblant. Pour Zaza. Parce qu’elle a besoin de partager le souvenir d’une fille en vie. Elle rit, et c’est peut-être ce côté cubain qui ressort, cette appréciation de la vie malgré la mort. Lui est finalement américain jusqu’au fond des os. La perte lui donne envie de crever avec la personne disparue. « Elle était nulle. »

« En effet. » Sa voix est encore enrayée.

La vidéo se termine et le téléphone disparaît. Zaza s’accroche toujours à son bras. Il peut sentir le regard qu’elle lui jette, se force à focaliser ses propres yeux. La boule qui s’est installée dans sa gorge pèse à nouveau de tout son poids. Il l’observe avec le début d’une question  - et maintenant ? - qu’il n’ose pas poser.

Elle lui caresse la joue du bout des doigts.
Il a envie de pleurer.

Deandre s’est figé. Il subit sans comprendre, la regarde avec un semblant d’incompréhension. Une part de lui s’alarme, parce que ce n’est pas ce qui était prévu, pas ce qu’il avait compris. Zaza ne veut pas de lui. Zaza ne veut pas le toucher. Zaza veut disparaître du cadran solaire de sa vie, rejoindre les ombres des peut-être, des pourquoi pas, des dans un autre univers, à un autre moment. Mais il est là, dans cette réalité. Elle caresse sa joue. Sa poitrine gonfle, le malaise dans sa gorge enfle, envahit le reste de sa tête. Ses yeux piquent. Il est pris d’assaut par un mélange de ressentis décousus, déconnectés. La perte de Kelly se mêle à la présence de Zaza, aux réminiscences de Baltimore. Le tout est plein de tristesse, de culpabilité, de choc et d’incompréhension. Ses paupières s’alourdissent au moment où il jette les yeux par terre pour mieux retenir une larme un peu rageuse, que l’esprit tente désespérément d’enfermer.

Il y a quelque chose de soucieux sur la figure de Zaza. Elle se préoccupe peut-être vraiment de lui.
Entre ça et l’éventualité qu’elle veuille aussi de lui, il n’y a qu’un gouffre à franchir les yeux clos.

Elle se détache, mais pas pour longtemps. Il n’a pas le temps de se lamenter ou de douter de ses intentions - il finit dans une étreinte à laquelle il s’accroche comme s’il avait peur de se briser. Sa déglutition est difficile, un peu humide, chargée de tout ce qu’il repousse au fond de sa tête pour éviter de craquer. Zaza est celle qui semble apaisée, tandis qu’il émet une sorte de détresse silencieuse qu’il voudrait dissiper, sans succès. C’est comme si elle recevait un peu de sa panique, l’étouffait au creux de son étreinte.

Il n’est pas sûr de la mériter.

Ses mains demeurent sur ses bras lorsqu’elle se détache pour de bon. Zaza sourit. Il l’imite faiblement et se saisit de la paume qu’elle tend, s’assurant de ne pas trop s’appuyer dessus pour se redresser. Elle ne manque pas de poigne, mais il l’entraînerait par terre s’il tirait de son côté. « Viens. »

Le cimetière s’est vidé et seul le vent erre entre les tombes, arrachant à certaines d’entre elles des pétales de fleur. Ils se dirigent un peu prudemment vers celle de Kelly, interrompus dans leur élan par une silhouette désorganisée, manifestement pressée. Deandre plisse les yeux en reconnaissant l’allure de l’homme qui se dresse devant eux. Son attitude se métamorphose immédiatement : il se redresse, pince les lèvres, fait un pas en avant.

Zaza l’interroge du regard. Il lui lance une œillade encore incertaine, avant d’observer un peu plus le nouveau venu.

C’est le mec du Sub.
Celui qui riait avec Kelly au début de la soirée.

« Merde… »

L’inconnu recule, trébuche, avant de tenter de battre en retraite. Deandre se tend, hésite. « ... Putain. » Il le pointe du doigt, se tourne vers Zaza et murmure. « Il était dans le Sub. Ce soir-là. J’sais pas si tu l’as vu. »

Ses lèvres se serrent. « Il est en train de s’casser… Eh ! EH ! »

Le type se fige subitement devant le portail ouvert du cimetière. Il se retourne et leur adresse un regard paniqué.

« J’ai rien fait ! J’venais juste rendre hommage, ok ?! »

Et il recule d’un pas un peu moins rapide, prenant peut-être conscience que son attitude est suspecte. Deandre jette un regard à Zaza, murmure. « On fait quoi… ? » avant de décider pour eux. Il se lance d’un pas déterminé, rattrape le type qui recule toujours, déborde sur le trottoir. « Pourquoi tu files comme si t’avais quelque chose à te reprocher, hein ? »

L’autre pousse un ricanement nerveux. « Non mais vous m’avez fait peur, haha ! Vous avez surgi comme deux fantômes ! Vous la connaissiez ? Moi pas du tout, j’ai juste entendu l’histoire aux infos ! »

Et il esquisse un autre mouvement de recul.

« Bon, j’voudrais pas vous retenir plus longtemps ! C’était une mauvaise idée de venir ici de toute façon, vu que j’la connaissais même pas ! »
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Zaza Molina
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MessageSujet: Re: requiem ; zaza    requiem ; zaza  EmptyMer 12 Fév - 11:20

Elle n'est pas certaine de pouvoir analyser les émotions qui traversent Deandre, ni même ce qui les provoque. Kelly, les cimetières, autre chose ? Mais sa détresse ne la laisse pas indifférente, elle ne cherche pas à la comprendre, ni à mettre des mots dessus, encore moins à ce que Deandre le fasse. Elle a bien compris qu'il était de ceux qui vivent avec leur part de mystères et elle l'accepte très bien. Elle se contente donc de faire ce qu'elle sait faire de mieux : se taire et tempérer les excès. Les excès de chagrin de Deandre, les excès de colère de MJ, les excès de saloperies d'Ali. Mais ces derniers ont toujours laissés un goût amer. Elle l'enlace, fait mine de ne pas avoir remarqué l'émotion perler au coin de son œil, consciente que ce ne serait pas agréable pour lui. Les mots réconfortants n'ont pas de sens et se transforment en étreinte sincère, de celles qui pansent tous les maux. Les secondes s'écoulent à toute vitesse, elle perd un peu la notion du temps nichée contre lui. Ou lui contre elle, elle ne sait plus vraiment. Les rôles semblent s'être inversés et ce n'est qu'un juste retour des choses.

Elle lui doit bien ça.

Mais l'inertie ne sert qu'à cogiter davantage et c'est précisément ce qu'elle voudrait éviter. Éloigner les noires pensées qui parasitent le cerveau de Deandre pour qu'il puisse respirer à nouveau. Elle se détache et se relève, l'incitant à faire de même d'un mot encourageant ; une main tendue. Il la saisit et suit le mouvement sans protester. Les mains se relâchent et Zaza enterre la sienne dans sa veste pour la protéger du froid mordant. Ils avancent vers la tombe de Kelly, le pas un peu lourd. Elle ne se sent plus assommée comme au début, capable d'affronter ça dignement et sans risquer de s'effondrer encore lamentablement. Ni de prendre la fuite. Elle n'est pas certaine que Deandre soit dans le même état d'esprit, elle lui lance une œillade furtive sans parvenir à décrypter quoi que ce soit malgré tout. Elle commence à s'y faire.

Sa contemplation est brusquement interrompue par une silhouette surgissant de nulle part. Son cœur s'emballe sous l'effet de la surprise et mais c'est pire du côté de l'inconnu. Ses yeux s'arrondissent et elle pourrait presque y décerner de la panique. Son attitude ne fait qu'accentuer cette impression. —  ... Putain. Elle lève la tête vers Deandre, perdue. Il n'a l'air qu'à moitié surprit de cette présence. Il le pointe du doigt et confirme ce qu'elle pensait déjà. —  Il était dans le Sub. Ce soir-là. J’sais pas si tu l’as vu. Elle repose ses yeux sur le type et les plisse, cherchant à le discerner mieux que ça. — Sa tête me dit vaguement quelqu'chose oui, mais j'suis pas sûre. Deandre lui ne semble pas douter une seule seconde, il l'a reconnu sans hésiter.

Le mec tente de se barrer un peu précipitamment faisant naître un sentiment de confusion chez Zaza. Deandre tente de l'interpeller et le type s'arrête au dernier moment, se retourne vers eux, anxieux. —  J’ai rien fait ! J’venais juste rendre hommage, ok ?!

J'ai rien fait, l'adage des coupables.

Zaza tique un peu et grimace, mal à l'aise. Ils ne l'ont accusé de rien et pourtant il se défend déjà. Loin de se douter du rôle qu'il a pu jouer dans la mort de Kelly, elle se méfie malgré tout. Se dit qu'il a peut-être été témoin du meurtre et qu'il flippe, tout simplement. — On fait quoi… ? Mais elle n'a pas le temps de répondre à sa question, Deandre s'élance déjà et la dépasse s'approchant du mec qui continue de reculer prudemment, comme pour instaurer une distance de sécurité entre lui et eux.  — Pourquoi tu files comme si t’avais quelque chose à te reprocher, hein ? Elle s'étonne un peu de cette accusation à peine dissimulée et finit par se mouvoir à son tour, lui emboitant le pas, trottinant un peu dans son sillage pour le rattraper.

Non mais vous m’avez fait peur, haha ! Vous avez surgi comme deux fantômes ! Vous la connaissiez ? Moi pas du tout, j’ai juste entendu l’histoire aux infos ! Bon, j’voudrais pas vous retenir plus longtemps ! C’était une mauvaise idée de venir ici de toute façon, vu que j’la connaissais même pas ! Les mots fusent à toute vitesse d'entre ses lèvres, teintés d'une nervosité évidente. Zaza accroche le bras de Deandre et l'incite à s'arrêter histoire de ne pas faire fuir le type. Elle tend une main légèrement en avant en signe de paix et s'interpose entre les deux garçons, comme pour signifier que tout va bien et que personne ne risque rien. Il faut dire que la carrure et la tête que tire Deandre n'incitent pas vraiment à se détendre. — Hey, calme-toi, tout va bien. Le mec déglutit et jette quelques regards autour de lui, comme pour s'assurer que personne ne les écoute. — On t'as vu au Sub l'autre nuit. Il pâlit et se fige. — Tu risques rien, c'est nous qui avons trouvé le corps de Kelly et prévenu les secours. Qu'elle avoue pour tenter de le mettre en confiance. — Si t'as vu quoi que ce soit, faut l'dire. N'importe quelle info pourrait aider les flics à retrouver celui qui lui a fait ça. Sa voix durcit sur la fin de sa phrase, trahissant l'animosité qu'elle éprouve pour le meurtrier. Le mec ne bouge plus, les regarde tour à tour, comme s'il jaugeait la situation. Zaza fronce les sourcils, elle détourne ses yeux de lui une seconde à peine pour les poser sur Deandre et l'inconnu en profite. Il pivote brusquement et part en courant. — HEY ! Qu'elle s'écrie, frustrée. Montée d'adrénaline soudaine, ses muscles tressaillent et elle ne réfléchit pas. Le réflexe est immédiat : elle se met à lui courir après. Probablement poussée par une sorte d'instinct de justicier ou quelque chose dans ce goût-là. Elle ne sait pas trop quel a été le rôle du mec dans cette tragédie, mais ce qui est certain c'est qu'il sait quelque chose et Zaza veut savoir quoi. C'est comme si elle devait bien ça à Kelly : faire en sorte qu'on retrouve son meurtrier. Elle ne sait pas d'où lui vient cette idée, ni si ça l'aidera à mieux dormir ensuite. A cet instant, elle ne pense à rien de précis, tout son esprit est réquisitionné pour cette course poursuite inattendue. Si elle avait su, elle serait venue en baskets.
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MessageSujet: Re: requiem ; zaza    requiem ; zaza  EmptyVen 14 Fév - 21:10

Zaza étudie l’intrus. Deandre espère presque qu’elle lui rende un regard éclairé, lui donne un peu de certitude. Ça l’aiderait à justifier l’animosité instinctive qu’il ressent, bien que l’attitude de l’inconnu ne l’encourage de toute façon pas à la clémence. Il s’agite, fébrile, s’enfuit déjà à à moitié. C'est comme s'il avait peur d'être frappé par une accusation.

« Sa tête me dit vaguement quelqu'chose oui, mais j'suis pas sûre. »

Tant pis. Deandre avance avec sa propre certitude. Le mec recule un peu plus, tente de se justifier. Lui a Kelly en tête - Kelly sur un terrain de sport, en train de courir à en perdre le souffle - et il songe à sa tête, ce soir là. Un type parmi tant d’autres, qui riait aux éclats en couvant son gobelet, juste à côté d’elle. Il n’a rien d’un monstre et rien d’un prince. Banalité blanche qui gesticule et qu’il rattrape en quelques enjambées, animé par le désir de plonger dans ses pupilles et d’y puiser un peu de culpabilité. Il ne sait pas ce qu’il ferait d’un aveu, si ce n’est de la pulpe un peu sanguinolente.

La main qui le retient manque de le faire tiquer. Deandre tourne la tête, tombe sur Zaza. Il souffle et se renfrogne, s’assagit. Elle a réussi à calmer cette fille tout à l’heure, aussi saura-t-elle peut-être apaiser cet inconnu là, l’immobiliser et le mettre en confiance. S’il s’arrêtait juste assez longtemps pour être attrapé…

Il a déjà été condamné dans son esprit. Pas de tribunal, pas de jury - il riait aux éclats à ses côtés et le voilà au cimetière, en train de trébucher sur ses mots et ses pieds. C’est suffisant pour lui.

Il ferait un piètre juge.

« Hey, calme-toi, tout va bien. » Ouais, pour le moment. « On t'as vu au Sub l'autre nuit. »

Deandre se fige en même temps que l’autre homme. Il n’est pas sûr que la stratégie de Zaza soit très probante. « Tu risques rien, c'est nous qui avons trouvé le corps de Kelly et prévenu les secours. »

Sa figure passe cette fois par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Il réprime une grimace et se tend, guette la réaction de l’inconnu. Il est trop tard pour revenir sur ce qu’elle a avoué, même s’il aurait préféré que ça reste entre eux. Tout ce qui l’implique dans cette affaire auprès des autorités le dérange.

Trop méfiant, et à raison.

« Si t'as vu quoi que ce soit, faut l'dire. N'importe quelle info pourrait aider les flics à retrouver celui qui lui a fait ça. » Un moment de flottement au cours duquel les pupilles passent d’un visage à l’autre. Deandre dévisage l’inconnu, qui alterne entre leurs deux figures. Il y a une tension dans les airs, un silence court mais trop pesant. Ses prunelles tombent finalement - et c’est l'instant de trop - sur le regard que lui jette Zaza.

L’accusé s’enfuit comme s’il avait le diable aux trousses.

« HEY ! »

Et en moins d’une seconde, il est poursuivi par une diablesse perchée sur des échasses.

Deandre accuse le choc à retardement. Ses sourcils se froncent, sa bouche s’entrouvre et ses mains tombent sur ses hanches. Il admire le spectacle surréaliste avec une sorte d’incrédulité désabusée. Le type file comme l’éclair, Usain Bolt du ghetto. Zaza le poursuit vaillamment du haut de ses talons.

Il n’avait encore jamais vu cet épisode de Bip Bip et Coyote.

La réalisation qu’il devrait courir lui-aussi le frappe au moment où ils disparaissent au coin de la rue. Il n’est pas question qu’il abandonne Zaza à un potentiel meurtrier et grand gagnant de marathon. Son élan est rapide mais mesuré, parce qu’il suppose que l’endurance aura de l’importance dans cette course poursuite. Les silhouettes lointaines des deux protagonistes se rapprochent à force de patience, tandis que la ville poursuit sa vie sur le trottoir. Il sent à peine les regards interloqués qu’on jette au grand black vêtu de noir qui se prend pour un guépard des quartiers. Ils ne font de toute façon que suivre ceux qu’on a jeté à la panthère à talons qui le précède sur deux mètres environ.

Si la situation était différente, il serait très intéressé par l’effet qu’a le vent sur la robe de Zaza.

Le type qu’ils poursuivent a peut-être de l’expérience dans le domaine de l’escapade. Il se précipite dans des artères peuplées au lieu de les mener dans les coins isolés qui permettraient de l’acculer facilement. Et il est tellement désespéré qu’il fait des virages brutaux, dangereux, leur jetant de temps à autre des coups d’oeil pour vérifier qu’ils sont toujours là. Deandre demanderait bien à un passant de l’attraper, mais l’apathie des habitants de Detroit est trop légendaire pour tenter le coup.

Leur cible bifurque subitement sur la route. Deandre dépasse pour la première fois Zaza, n’a pas le temps de réfléchir lorsqu’il entend un klaxon et un dérapement de roues. Il s’immobilise, le coeur battant, et jette un regard presque interloqué à la voiture qui a manqué de lui rentrer dedans. Le conducteur gesticule et l’insulte, menace de sortir du véhicule. Deandre se contente d’observer le capot avec des yeux exorbités, sans prendre conscience du danger auquel il vient d’échapper. Il abat sa paume sur la ferraille comme pour la rappeler à l’ordre. Le moteur ronronne sous ses doigts, sensation étrange dans le flou choqué qu’il ressent.

Son esprit rattrape finalement l’inconscient et ses yeux se jettent à la poursuite de l’inconnu. Ce dernier a ralenti, de l’autre côté de la rue, comme pour vérifier qu’il n’a pas provoqué une autre mort.

Deux cadavres sur la conscience, c’est peut-être un peu trop.

Deandre occulte complètement les reproches du conducteur qui est finalement sorti du véhicule et ne fait que lâcher une remarque à peine réfléchie sur la profession qu’exerce sa mère sur la banquette arrière avant de s’élancer à nouveau, bien déterminé à profiter de l’hésitation de leur cible.

Cette dernière réalise son erreur et tente de se faufiler dans la première cachette venue : une ruelle sordide comme on les aime, parfaites pour les règlements de compte.

Deandre ne s’embarrasse pas de menottes imaginaires. Il lui rentre dedans avec toute la détermination de sa grande carcasse et ignore les protestations de son squelette lorsqu’ils tombent sur le bitume. S’il connaissait une prise de catch, il l’aurait déjà mise en oeuvre pour lui énucléer les yeux. « Lâche-moi ! Lâche-moi putain ! J’vous dit que j’ai rien fait ! »

« J'm’en fous, les gens innocents s’enfuient pas en plein jour ! Avoue, fils de pute ! Allez ! »

Et il l’encourage avec une claque qui retentit un peu fort. Le sang a jailli dans sa paume, mais pas autant que sur la joue de l’inconnu qui l’observe, stupéfait.

« J’AI RIEN À VOUS DIRE, PUTAIN ! »

Ses yeux se plissent. Il parvient à moitié à se dégager, jette des coups d’oeil paniqués au-dessus de l’épaule de Deandre. Peut-être espère-t-il que quelqu’un les entendent de la grand rue et vienne à son secours.

Malheureusement, la claque lui a peut-être remis le cerveau à l’endroit. Il a la respiration sifflante mais l’air moins apeuré, tout à coup. Les doigts de Deandre se resserrent autour de son col. Il le fixe, les sourcils froncés. L’autre lui rend un regard noirci par la dilatation de ses pupilles.

« Qui m’dit que c’est pas vous les coupables, hein ? Vous l’avez “trouvée”, c’est ça ? Et si j’allais dire à la police que j’vous ai vu la tuer ? » L’effet qu’ont ses paroles est immédiat. Deandre se fige, écarquille les yeux.

Le fils de pute.

« Ben ouais ! » qu’il crache en réalisant qu’il a eu un impact. L’inconnu se faufile dans la faille, l’ombre d’un rictus sur les lèvres. « Tu crois qu’ils vont croire qui au comico ?! Toi ou moi ? »

Deandre exhale subitement tout l’air qui stagnait dans ses poumons.

La seconde claque qu’il distribue est pleine de frustration. L’autre pousse un petit cri de douleur pendant qu’il tourne la tête, cherche Zaza et son ressenti des yeux. Son pouls crache encore précipitamment dans ses veines, mixture d’adrénaline, de choc et d’incompréhension.

L’autre a marqué un point et il ne sait pas comment le lui reprendre.
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MessageSujet: Re: requiem ; zaza    requiem ; zaza  EmptyDim 23 Fév - 14:49

Elle ne savait pas capable d'une telle endurance. Ni d'une telle gestion de son équilibre. Chaque pas qui claque sur le bitume semble être plus assuré que le précédent, ne se laissant pas déstabilisé par l'instabilité provoquée par ses talons. Par chance, ils ne sont pas non plus immenses, ni trop fins. Où elle se serait probablement déjà fendue les deux chevilles. Mais la hargne qui l'habite à cet instant la pousse à se dépasser et à ne rien lâcher, même si rien ne joue en sa faveur. Elle ne se préoccupe même pas de savoir si Deandre est sur ses traces ou non, une partie d'elle est secrètement convaincue que oui. L'autre est trop occupée à ne pas perdre celle de celui qui file devant elle. Il parvient progressivement à creuser leur écart, mais pas suffisamment pour qu'elle le perde des yeux. Il a tendance à perdre du temps à chaque fois qu'il se retourne, ce qui en fait gagner à Zaza. Il en perd aussi à se frayer un chemin, tandis qu'il lui ouvre une voie royale dans son sillage.

Elle ne saurait pas dire depuis combien de temps elle lui court après. Mais il lui semble que le cimetière est bien loin derrière eux dorénavant.

Le type traverse la rue à la hâte et au même moment, elle se fait dépasser par une masse plus rapide qu'elle. Ses yeux bifurquent un instant, par méfiance, avant de comprendre. En d'autres circonstances, elle aurait pu sourire. Soulagée malgré tout de ne pas s'être embarquée seule dans cette aventure grotesque.

Deandre fonce, prend les devants et traverse sans réfléchir. Mais Zaza elle, a le temps de voir venir la voiture. Elle accélère par réflexe, poussée par l'appréhension d'une fin tragique, le bras tendu en avant. — DE- ... ! La fin de son nom se retrouve étouffé dans un cri retenu alors que la voiture pile brutalement. Elle le rattrape alors que Deandre et le conducteur échangent des mots et des gestes chargés de colère - probablement pour mieux cacher qu'ils sont soulagés tous les deux. L'un de n'avoir écrasé personne, l'autre d'avoir été épargné. Zaza arrive dans son dos, ses mains qui se posent contre lui, comme pour le presser à avancer, ils n'ont pas de temps à perdre avec ça. Son regard reste fixé sur la cible, comme un missile traceur. Elle passe devant, tire sur le bras de Deandre, effectue un bref mouvement d'excuses en direction du chauffard et repart de plus belle.

Ils courent quelques instants au coude à coude mais il suffit de quelques enjambées pour que son acolyte reprenne la tête et la distance raisonnablement. Elle enrage, se serait déjà débarrassée de ses chaussures qui l'empêchent de dévoiler tout son potentiel si elle n'avait pas eu peur de se mutiler les pieds sur les trottoirs dégueulasses de Detroit.

Quand elle s'engouffre à son tour dans la ruelle, elle a tout juste le temps d'apercevoir Deandre heurter le type pour le couper dans son élan et le jeter au sol. Elle ralentit, la course est terminée. Elle a les joues rouges et se félicite silencieusement d'avoir attaché ses cheveux. Elle crève de chaud et peine à reprendre son souffle. Sa poitrine se soulève et s'abaisse dans un rythme effréné, le cœur qui bat particulièrement fort. Elle réalise aussi qu'un poing de côté s'est formé sur la droite et la gêne. Elle n'a cependant pas le temps de s'en embarrasser. La claque que décroche Deandre suivi des cris ont le don de la forcer à se concentrer.

Il y a longtemps que la violence ne l'effraie plus, comme tout le monde ici elle fait partie de son quotidien et elle en a trop vu. Mais elle doit malgré tout reconnaître qu'elle ne s'y attendait pas spécialement venant de Deandre. Il lui avait toujours montré une face placide, il ne lui avait pas semblé être de ceux qui perdent leur calme. Elle réalise à quel point elle ne sait rien de lui et se demande comment on peut déjà partager tant avec quelqu'un qu'on ne connait finalement pas. Haletante, elle l'observe faire, ne sachant pas immédiatement comment prendre part à leurs échanges.

Qui m’dit que c’est pas vous les coupables, hein ? Vous l’avez “trouvée”, c’est ça ? Et si j’allais dire à la police que j’vous ai vu la tuer ? Le cri sort du cœur. — Quoi ?! Puis elle s'offusque en silence, la bouche entrouverte face à cette accusation injuste. Elle réalise alors sa connerie et s'en mord les doigts. Elle a parlé sans réfléchir, sans réaliser qu'elle puisse avoir à faire au tueur, plutôt qu'à un simple témoin. Il faut croire qu'elle n'a pas bien retenu les leçons de Detroit. Ici, c'est coupable jusqu'à preuve du contraire et non pas l'inverse. Elle fronce les sourcils, indignée par ce retournement de situation. Honteuse, aussi, d'avoir impliqué Deandre à sa gaffe. — Ben ouais ! Tu crois qu’ils vont croire qui au comico ?! Toi ou moi ? Cette vérité l’écœure et la révolte. Evidemment que Deandre n'a aucune chance face à ce blanc bec. Rien de tel pour laisser s'écouler en elle une haine viscérale.

La deuxième claque raisonne entre les murs rapprochés de la ruelle et Zaza ne s'en offense pas, bien au contraire. Il ne mérite rien de mieux. Elle voudrait presque pouvoir y prendre part. Elle réfléchit à toute allure, cherchant un moyen de les sortir d'ici. Très vite, elle échafaude un plan. Elle s'approche d'eux alors que Deandre cherche son regard, visiblement pris au dépourvu, ne sachant pas comment reprendre l'avantage. Elle s'accroupit à côté d'eux et commence à fouiller dans les poches de la veste du garçon. — Hey ? Qu'est-ce que tu fais ? Ne trouvant pas ce qu'elle cherche, elle se relève et fait un signe de la main à Deandre. — Retourne-le. Sa voix est autoritaire, elle sait ce qu'elle fait. Le type réplique, se défend, ne veut pas se laisser faire. Et s'il a l'avantage des origines sur Deandre, il n'a pas celui de la force physique. Il se retrouve face contre terre et Zaza ignore ses protestations. Ses yeux tombent sur ce qu'elle cherchait et elle esquisse un sourire satisfait, un peu vibrant à cause de sa respiration toujours irrégulière. Elle extirpe un mouchoir de sa veste et le déplie avant de se saisir du porte-feuille qui trône dans la poche arrière du jean du mec. Elle l'ouvre prudemment, ne posant à aucun moment ses doigts dessus - elle ne fera pas de boulettes deux fois aujourd'hui. Elle fouille un peu dedans avant de trouver son permis de conduire. — Adam Strokes. Qu'elle dit tout haut en lisant la carte. — Mais ? HEY ! Touche pas à ça ! Il se tord pour tenter de tourner la tête dans sa direction et voir ce qu'elle fait. Elle range vite le tout avant que quelqu'un ne les voit, essuie comme il faut le portefeuille - juste au cas où - et le glisse de nouveau dans la poche.

Elle se redresse, satisfaite et avance jusqu'à sa tête. Elle s'accroupit de nouveau et vient attraper ses cheveux entre ses doigts, pour l'obliger à la regarder. Le mec râle et souffle, frustré de se faire articuler comme une marionnette. — Ok, Adam. Si tu veux jouer à ça, je peux jouer aussi. Que penses-tu de ça : je vais voir les flics en pleurant, et crois moi j'suis forte pour ça... Pour une fois que ça pourrait lui être vraiment utile. ...je leur dit que j'ai passé un petit bout de la soirée avec ma pote Kelly et qu'elle m'avait confié qu'elle avait peur de toi, parce que t'avais déjà eu une attitude déplacée avec elle. Et là, quel hasard ! Il se trouve que justement, ce soir-là, t'as tenté des trucs avec moi, j't'ai repoussé mais t'as grave insisté. Par chance... elle désigne Deandre d'un mouvement de tête. il nous a vu et comme il me connait un peu, il est venu à mon secours et tu t'es résigné à lâcher l'affaire. Je leur dirais alors que j'en déduis que tu t'es finalement rabattu sur Kelly, encore. Et comme elle n'voulait pas d'toi, elle t'a repoussé aussi. T'as pas supporté et la suite, tu la connais déjà.

Zaza marque une pause et reprend son souffle. Elle relâche ses cheveux et le mec ne dit plus rien, bredouillant quelques mots incompréhensibles. Elle se redresse et lui refile un petit coup de pied dans les côtes. — Et ça, c'est pour m'avoir fait courir en talons, du-con. Il grogne mais ne proteste pas plus que ça, visiblement en train de réfléchir à ce qui vient de lui tomber dessus. Elle se tourne vers Deandre, posant sur lui un regard sincèrement navré. L'air de dire, désolée d'avoir merdé.

Ok, OK ! J'vous balancerais pas, d'accord ? Mais j'ai quand même rien fait, alors laissez-moi partir ! Sauf que maintenant, Zaza ne le croit plus. Le bénéfice du doute s'est envolé. Elle le fusille du regard bien qu'il ne puisse pas la voir dans cette position. Elle repose ses yeux sur Deandre et hausse les épaules, un peu dépassée. — Qu'est-ce qu'on fait du coup ? Ils ne peuvent décemment pas le laisser repartir comme ça avec tous les soupçons qui planent sur lui - et rien ne garantit qu'il ne file pas chez les flics malgré tout les balancer. Même s'il n'a absolument aucune info sur leur identité. Mais ils ne peuvent pas non plus le forcer à se rendre, ni à tout avouer. Zaza vient passer une main derrière sa nuque, emmerdée. Elle tourne le dos à Adam pour s'assurer qu'il ne voit rien et elle se positionne tout proche de Deandre pour pouvoir parler à voix basse. — J'pourrais raconter tout ce qu'on sait à une journaliste. Avec tout ce qui se passe en ce moment avec les femmes, j'suis sûre de pouvoir en trouver une facilement qui accepterait de m'écouter. J'en ai repéré plusieurs à l'enterrement en plus. L'avantage, c'est que j'pourrais le faire anonymement et comme ça, pas besoin d'approcher les flics. Elle baisse un peu les yeux avant d'ajouter. — J'te mentionnerai pas dans l'histoire, t'inquiètes. De toute façon, c'est juste une journaliste, pas besoin de lui donner toute la vérité. C'qui compte, c'est que le nom d'Adam soit lâché et qu'après elle fasse sont taf et que ça remonte à l'oreille des flics.

Le type à terre s'impatiente en les entendant marmonner. — OH ? Qu'est-ce que vous faites ? LÂCHEZ-MOI MAINTENANT !

La décision finale revient à Deandre, elle n'a pas assuré jusque-là, il doit probablement savoir mieux qu'elle si cette idée est bonne ou non. Le truc, c'est qu'elle n'en a pas d'autres.
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Deandre Parker
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MessageSujet: Re: requiem ; zaza    requiem ; zaza  EmptyMar 25 Fév - 15:57

La ruelle est une impasse, comme leur situation. Deandre étudie les briques, cherche la faille. Ses idées s’effritent, trop parcellaires pour former le plan manichéen dont ils ont besoin. Un soulagement teinté d’espoir l’étreint lorsque Zaza approche et s’accroupit, commence à faire les poches de l’accusé. Ses mains le plaquent au sol pour l’immobiliser.  « Hey ? Qu'est-ce que tu fais ? » Bonne question. Elle ne se reconvertit probablement pas dans la carrière de pickpocket - Deandre suppose donc que si elle cherche ses papiers, c’est sûrement pour avoir son identité. L’avantage de connaître son nom serait précieux. Lui n’a que leurs visages. S’il se rendait au commissariat pour les accuser, il ne pourrait fournir qu’une description physique. Les enquêteurs interrogeraient ensuite les gens présents à la soirée pour trouver ceux susceptibles de connaître leurs noms…

« Retourne-le. »

Deandre cesse de se projeter dans le pire scénario. Il empoigne l’inconnu et défait avec une patience feinte ses tentatives de se dégager. La colère sourde dans ses mouvements, bouillonne à la surface. S’il est incapable de vraiment réfléchir, c’est qu’il est encore coincé dans la rage provoquée par l’accusation infondée. Ce fils de pute a tenté de les menacer…

Il lui plaque le nez contre l’asphalte, une main à l’arrière du crâne. Zaza met la sienne sur son portefeuille, soigneusement couverte d’un mouchoir. Le verdict tombe. « Adam Strokes. »

Le pécheur originel se tortille de plus en plus fort. « Mais ? HEY ! Touche pas à ça ! » Ce qui justifie que ses narines frottent un peu plus fort le béton. « Ta gueule ! » L’aboiement est chargé d’une frustration tendue. L’envie de le presser un peu plus fort contre le sol le démange et il doit se concentrer sur Zaza pour résister. Ses doigts quittent le scalp de l’autre homme lorsqu’elle approche et lui agrippe les cheveux, se penche pour les venger. « Ok, Adam. Si tu veux jouer à ça, je peux jouer aussi. Que penses-tu de ça : je vais voir les flics en pleurant, et crois moi j'suis forte pour ça… » Cet élan d’auto-dérision lucide l’aurait fait sourire dans d’autres circonstances. Celles-ci se prêtent à son attention accrue. Deandre se suspend à chacun des mots. « ...je leur dit que j'ai passé un petit bout de la soirée avec ma pote Kelly et qu'elle m'avait confié qu'elle avait peur de toi, parce que t'avais déjà eu une attitude déplacée avec elle. Et là, quel hasard ! Il se trouve que justement, ce soir-là, t'as tenté des trucs avec moi, j't'ai repoussé mais t'as grave insisté. Par chance… » Il n’aurait aucun mal à croire ce récit si on le lui racontait. Les défauts le parsèment, mais le destinataire de l’histoire ne peut pas les reconnaître : il faudrait prouver que Zaza et Kelly se connaissaient, alors qu’elle a endossé le rôle de la coiffeuse auprès des vraies amies de la victime. Deandre ne s’attarde cependant pas sur les failles. Il est tellement impressionné par son calme méthodique qu’il l’observe avec admiration, boit ses mots. « ... il nous a vu et comme il me connait un peu, il est venu à mon secours et tu t'es résigné à lâcher l'affaire. Je leur dirais alors que j'en déduis que tu t'es finalement rabattu sur Kelly, encore. Et comme elle n'voulait pas d'toi, elle t'a repoussé aussi. T'as pas supporté et la suite, tu la connais déjà. »

Ils la connaissent tous, maintenant.
Une jeune fille est retrouvée étouffée dans un boyau sombre.
Mais c’est à eux qu’appartient la fin de l’histoire - et cette responsabilité est pesante, presque trop.

Le meurtrier bredouille, manifestement dépassé par ce contre-argument. Deandre a la sensation de mieux respirer. Le coup de pied que Zaza administre lui arrache un peu plus de satisfaction. « Et ça, c'est pour m'avoir fait courir en talons, du-con. »

Elle lui jette un regard navré, auquel il répond d’un oeil pensif mais indulgent. Elle a défait toute seule le noeud coulant qui menaçait de les étrangler. Et il lui en est reconnaissant.

« Ok, OK ! J'vous balancerais pas, d'accord ? Mais j'ai quand même rien fait, alors laissez-moi partir ! » Un reniflement dédaigneux lui échappe, même si l’autre n’a pas tort sur certains points. Il n’y a aucun doute qu’il soit coupable, mais ils devront bel et bien le relâcher tôt ou tard. Cette éventualité suffit à réveiller sa colère. Le rendre à une vie civile tranquille est injuste, insupportable. Adam ne mérite que l’opprobre et l’affichage au journal télé, meurtrier du Sub condamné à perpétuité…

« Qu'est-ce qu'on fait du coup ? » Deandre inspire profondément, indécis. Rien ne garantit que l’autre ne va pas filer au commissariat à toute vitesse pour tenter de planter sa version des faits en premier. S’ils y vont eux-même sur le champ, ils n’apportent qu’un nom et un témoignage qu’ils ont refusé de donner jusque là, sans vraiment pouvoir justifier pourquoi ils n’ont pas approché les autorités dès le début. L’impasse se matérialise à nouveau, mur de brique solide. Avec un peu de chance, leur meurtrier a laissé des empreintes sur le corps de sa victime…

Zaza approche et s’assure qu’il ne puisse pas entendre leurs échanges. « J'pourrais raconter tout ce qu'on sait à une journaliste. Avec tout ce qui se passe en ce moment avec les femmes, j'suis sûre de pouvoir en trouver une facilement qui accepterait de m'écouter. J'en ai repéré plusieurs à l'enterrement en plus. L'avantage, c'est que j'pourrais le faire anonymement et comme ça, pas besoin d'approcher les flics. » Encore une fois, elle a trouvé la solution. Il l’a peut-être sous-estimée, par le passé, trop obnubilé par ses larmes et ses émotions à fleur de peau. Elle est parfaitement capable de se sortir des pièges de Detroit toute seule, sans lui. Deandre l’observe et hoche la tête lentement pour approuver l’idée, qui lui paraît bonne. « J'te mentionnerai pas dans l'histoire, t'inquiètes. De toute façon, c'est juste une journaliste, pas besoin de lui donner toute la vérité. C'qui compte, c'est que le nom d'Adam soit lâché et qu'après elle fasse son taf et que ça remonte à l'oreille des flics. » Sa main fend les airs pour écarter une des choses qu’elle a dit. En dessous Adam commence à se tortiller, angoissé par leurs messes-basses. « C’est parfait, mais ça me dérange pas que tu m’impliques. Plus tu dis la vérité et moins y a de chances qu’il y ait des complications… »

Il n’a surtout pas envie de l’abandonner toute seule dans cette situation, même s’il ne l’admettra pas à voix haute sur l’instant.

« OH ? Qu'est-ce que vous faites ? LÂCHEZ-MOI MAINTENANT ! »

Sa prise s’est relâchée pendant qu’ils parlaient. Adam se secoue et parvient à libérer un bras qu’il agite dans l’espoir de frapper quelqu’un. Son poing passe sous le nez de Zaza avant d’effleurer le menton de Deandre, qui fronce les sourcils. La colère de tout à l’heure est en train de remonter, alimentée par chacun des mouvements brusques de leur otage. L’adrénaline décuple probablement les forces de ce dernier, qui se dégage d’un coup sec, les yeux un peu fous. Il rampe sur quelques centimètres et commence à se redresser.

Deandre se relève aussi.

« Ben alors Adam, où tu vas comme ça ? On s’est pas dit au-revoir. »

Le regard haineux qui lui répond est la seule excuse qu’il lui faut.

L’autre a sûrement compris qu’il devait se dépêcher, mais il ne parvient pas à accélérer le mouvement. Il vient seulement de se mettre debout lorsque Deandre lui agrippe l’épaule et le tend en arrière, précipitant son genou entre ses côtes. Le cri de douleur qu’il pousse est étouffé par l’air qui vient de précipitamment quitter ses poumons. Lorsqu’il relève la tête il a les yeux humides et la bouche ouverte, plié en deux. Il tente faiblement de charger, est repoussé en arrière par un coup de poing en travers de la mâchoire. L’homme se fracasse contre le mur de l’impasse. Sa bouche s’est fendue. Le sang dégringole comme une cascade poisseuse, collante.

Adam l’observe de sous ses cils, haletant. Là, c’est ce qu’il voulait.
De la peur.

Deandre se penche sur lui et met une main sur son épaule, le ton faussement prévenant.

« J’continue ? Je peux faire ça toute la journée tu sais, j’ai l’habitude de m’occuper des porcs. »

Le meurtrier inspire, expire. Il esquisse finalement un signe de tête pour signifier qu’il abandonne. Une main berce sa mâchoire tandis qu’une autre couve son ventre.

Deandre soupire et utilise la poigne qu’il a sur son épaule pour le projeter vers l’avant. L’autre homme trébuche. « Dégage, maintenant. Et tiens toi à carreaux. »

Sa menace est vide de sens. Ils n’ont aucun moyen de surveiller ses faits et gestes. S’ils ont de la chance, il est suffisamment effrayé et endolori pour rester tranquille quelques temps.

Adam s’éloigne d’un pas malhabile, à moitié plié en deux. L’adrénaline chute au moment où il disparaît dans la circulation, une vie passante parmi tant d’autres. Deandre soupire profondément, passe deux mains sur sa figure. Il a envie de hurler et de dormir pour tout oublier - les deux en même temps.

Ses yeux retombent sur Zaza, qu’il avait un peu oublié pendant la rixe. L’envie de se justifier le prend subitement.

« C’était pour le ralentir. Il va peut-être tenter de quitter la ville très rapidement. »

C’était surtout un exutoire irréfléchi. Mais ça, il ne l’admettra pas de sitôt.

Le déchaînement l’a de toute façon vidé. Il fouille dans ses poches et marche jusqu’à l’entrée de la ruelle pour baigner dans un peu de lumière, son paquet de cigarettes au bout des doigts. Il savait qu’il aurait besoin de fumer aujourd’hui, mais il imaginait plutôt ça à la fin de l’enterrement, pour soulager ses nerfs endoloris. Le briquet crépite et embrase le bâtonnet qu’il cale entre ses dents, pompant un peu de nicotine.

Il a besoin de penser à autre chose.
Et il trouve subitement, dans un sursaut.

« Mauvaise nouvelle, Zaza. » Le ton est léger pour qu’elle ne s’affole pas. Ils sont déjà suffisamment sur les nerfs. Deandre se retourne et l’observe. Il lui tend sa cigarette - elle ne fume pas, dans ses souvenirs, mais tirer une ou deux fois l’aiderait peut-être à se calmer. « J’ai complètement paumé ton parapluie. » Il n’est même pas capable de déterminer ce qu’il en a fait exactement -  il le tenait encore lorsqu’ils étaient au cimetière et il a dû le lâcher quelque part, soit avant de courir soit pendant leur poursuite éperdue. Dans tous les cas, il a complètement disparu.

« J’t’en rachèterai un si tu veux. » Et c’est curieux, cette certitude qu’elle va refuser. Zaza l’a habituée aux excuses et aux pirouettes qui lui permettent de ne pas le recroiser. Alors, c’est ce qu’il attend : la prochaine justification qui se coincera dans sa gorge, à mi-chemin vers le cœur. Si les circonstances n’étaient pas aussi absurdes, il se vexerait à l’avance. Mais à l’instant, ça n’a pas tant d’importance. Ils ont failli être accusés de meurtre. Le fait qu’ils ne le soient pas - encore - suffit à alléger le poids du rejet qui pèse habituellement sur ses épaules.
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